Dilemme au Golfe
Par R. Mahmoudi – Intervenant dans un contexte régional dominé par l’affaire du journaliste saoudien assassiné en Turquie, Jamal Khashoggi, qui a entraîné tous les médias arabes et internationaux depuis déjà plusieurs semaines, la visite du Premier ministre israélien à Oman n’a soulevé que de timides indignations dans la région. Ni la Ligue des Etats arabes ni le Conseil de coopération des pays du Golfe, dont le sultanat est pourtant membre, n’ont réagi à ce que l’on peut considérer comme le premier pas officiel franchi par les pétromonarchies sur la voie de la normalisation avec Israël.
Il faut dire que les esprits étaient déjà préparés, depuis longtemps, à accepter la normalisation avec l’Etat sioniste, avec une série d’actions et de gestes initiés notamment par le régime saoudien, mais jamais assumés publiquement. Les choses en étaient restées à des échanges secrets entre services de renseignements des deux pays, ébruités par la presse qatarie dans le sillage de la crise diplomatique opposant toujours Riyad à Doha. Le reste était des lectures politiques qu’inspiraient le rapprochement des Al-Saoud avec l’administration de la Maison-Blanche et son implication dans le fameux «pacte du siècle» qui prévoit, dans une première étape, de transférer la capitale d’Israël vers El-Qods.
Aujourd’hui discrédité sur la scène internationale par l’assassinat hyper-médiatisé du journaliste dissident Jamal Khashoggi, le régime saoudien, incarné par son incoercible prince héritier, ne pourra plus résister à de nouvelles critiques de l’opinion arabe et internationale s’il est décidé à poursuivre sa politique de normalisation avec Israël.
R. M.
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