Acharnement soudain de médias français contre le président Bouteflika
Par R. Mahmoudi – Un certain nombre de médias français s’acharnent de façon soudaine contre Abdelaziz Bouteflika depuis que Djamel Ould-Abbès a déclaré que le candidat du FLN «est le président de la République et du parti». Dans une émission satirique diffusée par la chaîne TMC, une chroniqueuse a raillé effrontément tout le peuple algérien, en montrant des images d’hommages rendus au chef de l’Etat sans sa présence, commentant ironiquement le portrait officiel du président de la République «qui n’a pas changé depuis 1999» et montrant des images comparatives de son état en 2018.
Dans son compte-rendu sur l’«annonce» par le secrétaire général du FLN, l’hebdomadaire français Marianne, reprenant aussi maladroitement que les autres médias cette déclaration comme l’annonce de candidature officielle, donne, de son côté, libre cours à ses sarcasmes les plus caustiques pour parler de la personne de Bouteflika et, immanquablement, de son état de santé, intarissable sujet de dérision pour la presse outre-mer.
Avec un titre évocateur, «Au fait, Bouteflika est-il au courant qu’il se représente ?», l’article de l’envoyée spéciale de Marianne à Alger s’ouvre sur l’«ahurissante annonce» faite par Djamel Ould-Abbès, dimanche dernier. «Eh oui, « ils » ont osé, les gardiens du temple où somnole un vieillard mutique, entre deux cures de revitalisation secrètes en Suisse». Des éternels caciques du régime, ce FLN qui pouvait tout en 1962 et spolie son peuple depuis cinquante-six ans, aux plus jeunes loups du Medef algérien, le Forum des chefs d’entreprise, tous se sont donné la main pour plébisciter le malheureux dont les AVC successifs n’en finissent pas de paralyser l’Algérie. Car, au fait, Bouteflika est-il au courant qu’il se représente ?» s’interroge ironiquement l’auteur de l’article.
S’inspirant essentiellement des discours ambiants, ceux que l’on peut entendre chaque jour chez l’homme de la rue en Algérie, où l’évolution rapide des événements semble échapper aux observateurs les plus avisés, l’envoyée spéciale de ce magazine français étaye son pamphlet par les derniers propos tenus par Bernard Bajolet, ex-patron de la DGSE et ancien ambassadeur en Algérie de 2006 à 2008, et qui ont fait polémique, parlant d’un Bouteflika «maintenu en vie artificiellement».
Ce constat de «momification du pouvoir algérien (qui) profite à certains groupes qui, ainsi, se maintiennent au sommet et espèrent continuer à s’enrichir…» conforte la journaliste française dans son analyse qui s’appuie sur de précédents comptes rendus sur la situation en Algérie, où elle revenait sur les cas de choléra de l’été dernier, «longtemps cachés mais qui en disaient long sur la dégradation du système de santé et du système tout court». Là encore, la journaliste répétait ce que pour le commun des Algériens est devenu un truisme.
Ces attaques des médias français contredisent les déclarations officielles d’hommes politiques français de haut rang, qu’elles émanent du président Emmanuel Macron, de ministres ou encore de l’ambassadeur de France à Alger, qui ne tarissent pas d’éloges sur le caractère «exceptionnel» des relations entre l’Algérie et la France.
Dérapage, provocation ou double-jeu ?
R. M.
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