Un pied-noir nous écrit : «Nous sommes aussi les enfants de l’Algérie !»
Par Kamel M. – De plus en plus de Français natifs d’Algérie s’expriment sur nos colonnes pour lever ce qu’ils considèrent comme une équivoque longtemps entretenue sur leur position vis-à-vis de notre pays. Dans un nouveau commentaire posté à la suite de l’article sur le chanteur Patrick Bruel qui a émis le vœu de se produire à Tlemcen, un Français d’Algérie nous a adressé un commentaire dans lequel il regrette «qu’il n’y ait pas plus de pieds-noirs qui participent à ce forum».
Ce citoyen français, qui semble avoir maintenu des liens intenses avec l’Algérie, conseille aux Algériens de prêter une ouïe attentive à leur complainte : «Vous devriez plus nous écouter, nous questionner pour savoir l’histoire, notre histoire commune. Ce que nous avons bâti ensemble, toutes les réalisations que nous avons faites ensemble, la baie d’Alger, la Grande-Poste, etc. toutes les grandes avenues, la rue Michelet (Didouche-Mourad, ndlr), l’hôtel Aletti (Es-Safir actuellement, ndlr), la découverte du gaz et du pétrole, les routes pour transporter le pétrole», écrit ce pied-noir qui doit se rappeler, tout de même, que ces réalisations n’ont pas été faites pour les «indigènes» mais pour le bien-être des Français.
«Je ne peux énumérer tout ce que nous avons fait ensemble pour rendre jaloux tous les pays arabes et occidentaux de notre réussite commune», s’enorgueillit le commentateur, convaincu que «si nous étions restés ensemble, nous serions le pays d’Afrique numéro ouahad (un, ndlr)», argumente-t-il, sans que nous comprenions ce que l’auteur de ces mots entend par «rester ensemble» : veut-il dire que l’Algérie n’aurait jamais dû réclamer son indépendance ou «se débarrasser de ses pieds-noirs» ? Or, dans un cas comme dans l’autre, le peuple algérien n’a commis aucune erreur puisqu’il a combattu pour recouvrer son territoire illégalement occupé et n’a jamais forcé les Français d’Algérie à quitter le pays au lendemain de l’indépendance, qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans (harkis).
«Il faut qu’un jour, avant que nos anciens ne disparaissent, nous nous rencontrions pour parler, échanger et remettre les bases à zéro si nous voulons coopérer à nouveau et peut-être travailler ensemble», souhaite ce pied-noir. «Nous ne sommes pas des gaouris, nous sommes des enfants du pays», écrit-il avant de s’interroger : «Cinq générations ne suffisent-elles pas pour que je sois considéré comme un enfant de l’Algérie ?» Et de conclure en souhaitant qu’un dialogue s’établisse entre cette communauté et les Algériens, «inchallah, peut-être un jour autour d’une table ! ».
Le débat sur le retour des pieds-noirs et des harkis est revenu sur le devant de la scène et bat son plein depuis quelque temps. Dans sa dernière déclaration publique, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a répondu que les pieds-noirs visitent l’Algérie régulièrement et tout à fait normalement en tant que ressortissants français. Mais certains semblent vouloir revenir pour s’installer définitivement dans notre pays avec lequel ils n’ont pas coupé les ponts.
K. M.
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