Révélation : comment Nicolas Sarkozy a marchandé son soutien au Qatar
Par R. Mahmoudi – Dans la deuxième partie des révélations publiées vendredi par un consortium de 15 médias européens, qui a analysé plus de 70 millions de documents inédits concernant les malversations dans le domaine du football, un nouveau scandale vient éclabousser l’ex-président français Nicolas Sarkozy (2007-2012), alors qu’il n’est pas encore tout à fait sorti de l’affaire des financements libyens.
Du coup, le voile est levé sur les dessous de ce marchandage qui auront permis au petit émirat gazier, fidèle allié de la France, d’accueillir la plus grande manifestation sportive du monde.
Selon ces câbles, Sarkozy s’est engagé, en 2010, auprès de l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad, à accorder à son pays le droit d’organiser la Coupe du monde de 2022 s’il acceptait de racheter le club français Paris Saint-Germain et de lancer une chaîne de télévision sportive en France, qui sera finalement Bein Sports.
Cette information confirme ce qu’avait révélé, en juin 2017, l’ex-président de la Fifa, Joseph Blatter, sur cette affaire. Dans une interview à la presse britannique, Blatter accuse Sarkozy d’être derrière la combine qui a permis au Qatar d’obtenir l’organisation du Mondial-2022. Tout s’est joué, affirmait-il, le 23 novembre 2010 au cours d’un déjeuner à l’Elysée regroupant Nicolas Sarkozy (alors président français en exercice), Tamim Ben Hamad Al-Thani – actuel émir du Qatar, qui était prince héritier au moment des faits – et Michel Platini, qui présidait l’Union européenne de football (UEFA). Sarkozy a actionné Platini en lui demandant de voter en faveur du Qatar.
D’autres documents révèlent que le Qatar a injecté 1,8 milliard d’euros dans le club parisien, une fois racheté, de façon largement frauduleuse. Le club a violé les règles dites du «fair-play financier» mais les patrons de l’UEFA, Michel Platini et Gianni Infantino, ont aidé à masquer la supercherie. Cela a permis au club de ne pas être exclu de la Ligue des champions.
Cette supercherie avait déjà été dénoncée par le président de la Ligue espagnole, Xavier Tebas, en déclarant qu’il fallait exclure le PSG de la Ligue des champions parce que cela menaçait la stabilité du football en Europe. Xavier Tebas avait, à la même occasion, relevé un «conflit d’intérêts» grave dans le fait que le président du PSG était en même temps le responsable des chaînes Bein Sports qui détiennent les droits de retransmission des matches de la Ligue des champions.
R. M.
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