Mort du Prophète : la chercheuse tunisienne Hela Ouardi brise les tabous
Par Mohamed El-Ghazi – Hela Ouardi, professeure tunisienne de littérature et de civilisation, a expliqué sur le plateau de la chaîne Dzaïr TV que la période entre la maladie du Prophète Mohamed (QSSL) et sa mort a été une étape «décisive et cruciale» car la question s’est posée de savoir qui allait le remplacer et prendre les rênes du califat.
Dans son ouvrage intitulé Les Derniers Jours de Muhammad, la chercheuse tunisienne, qui était présente au Salon international du livre d’Alger (Sila), a enquêté sur une période de l’histoire de l’islam qui suscite de nombreuses interrogations. Pour elle, la grande division qui a fracturé le monde musulman en deux pôles, sunnite et chiite, trouve ses origines dans les jours qui ont précédé le décès du Prophète Mohamed et les premières heures qui l’ont suivi.
Elle a souligné qu’il existait des zones d’ombre qui entourent cette séquence de la vie du dernier Messager de Dieu, expliquant que son choix s’est porté sur cette période de transition parce qu’elle recèle une «dimension éminemment politique». «Les conflits que vit le monde musulman de nos jours sont la conséquence des conflits qui se sont déclenchés juste après la mort du Prophète», a-t-elle dit, en affirmant que les compagnons du Prophète l’auraient empêché de rédiger son testament et des violences auraient éclaté entre eux.
L’auteure a dénoncé l’inconscience de l’humanité par rapport à l’irrationnel. «L’histoire est occultée et on invente des légendes. On a laissé ces dernières avoir une emprise sur nous. Et, puisque le monde musulman s’est retrouvé dépossédé de son histoire, il est tout à fait normal qu’il perpétue les mêmes erreurs, les mêmes questionnements et les mêmes crises», a-t-elle expliqué en précisant que la transmission du pouvoir chez les musulmans, que ce soit dans un régime républicain ou monarchique, revêt un caractère «illégitime».
«Le cœur du problème est la transmission douloureuse du pouvoir. Celui qui y arrive ne le lâche plus et ne le quitte que dans un cercueil. Le fait de s’agripper au pouvoir est la conséquence directe de l’absence de légitimité. C’est ce qui arrive et se répète dans le monde musulman dont les dirigeants s’inventent des généalogies fictives pour légitimer leur pouvoir absolu», a-t-elle conclu.
L’ouvrage de Hela Ouardi a suscité une polémique dans le monde musulman lors de sa sortie. L’Algérie, via les éditions Koukou, est le premier pays musulman à avoir édité son livre.
M. E.-G
Comment (102)