Corne de l’Afrique : l’ONU va lever ses sanctions contre l’Erythrée
Le Conseil de sécurité de l’ONU votera ce mercredi la levée des sanctions contre l’Erythrée après un accord de paix historique avec l’Ethiopie et un réchauffement de ses relations avec Djibouti, qui laissent augurer des changements positifs dans la Corne de l’Afrique. Des diplomates ont révélé à des médias africains s’attendre à ce que soit adoptée à l’unanimité une résolution britannique appelant à lever l’embargo sur les armes, les interdictions de voyage, les gels d’avoirs et autres sanctions visant l’Erythrée.
Le pays de l’est de l’Afrique est depuis 2009 sous le coup de sanctions du Conseil de sécurité pour son soutien présumé aux terroristes en Somalie, une accusation que le gouvernement érythréen a toujours niée. Le projet de résolution, avancent les mêmes sources, reconnaît que les observateurs de l’ONU «n’ont pas trouvé de preuves formelles que l’Erythrée soutienne les shebab» somaliens. L’Erythrée a signé en juillet avec l’Ethiopie un accord de paix qui a mis fin à deux décennies d’hostilités, et conduit à un apaisement de ses relations avec Djibouti.
Un rapport sera présenté tous les six mois au Conseil de sécurité sur les efforts consentis par l’Erythrée pour se rapprocher de Djibouti, où la France, les Etats-Unis et la Chine disposent de bases militaires. L’ambassadeur éthiopien à l’ONU, Taye Atske Selassie, estime que la levée des sanctions va «ouvrir de nombreuses possibilités à l’Erythrée», attirer les investisseurs étrangers et replacer le pays dans le concert international. Le ministre des Affaires étrangères de l’Erythrée, Osman Mohammed Saleh, avait demandé en septembre, à la tribune de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, la levée de sanctions «injustifiées» qui ont «provoqué des dommages considérables à l’économie du pays et à sa population».
Ancienne province de l’Ethiopie, l’Erythrée a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire deux ans plus tôt. Les deux pays se sont livré entre 1998 et 2000 une guerre qui a fait quelque 80 000 morts, notamment en raison d’un conflit frontalier. Les relations sont ensuite restées particulièrement tendues, l’Ethiopie refusant de céder un territoire disputé malgré un jugement favorable à l’Erythrée en 2002 d’une commission indépendante internationale soutenue par l’ONU.
R. I.