L’écrivain Akli Tadjer rencontre les lycéens qui ont refusé de lire ses textes
Par R. Mahmoudi – Comme promis, le romancier franco-algérien Akli Tadjer a rencontré cette semaine, à Péronne, dans le nord de la France, les lycéens d’une classe de vingt-cinq élèves qui avaient refusé d’étudier ses textes, sous prétexte qu’il n’était pas français et que ses textes comportaient des noms arabes. La rencontre s’est déroulée en présence de quelques responsables et de pédagogues, dont le responsable de la cellule laïcité de l’académie d’Amiens. La presse n’était pas conviée à cette rencontre.
«Je me suis enrichi des autres, a résumé l’écrivain dans une déclaration à France 3. Avoir connu beaucoup ‘’d’autres’’ ne m’a jamais lésé mais cela m’a rendu plus fort, plus ouvert et plus tolérant», ajoute-t-il.
Au-delà du travail pédagogique que l’écrivain d’origine algérienne s’était engagé à faire, il ne s’est pas empêché de décocher des flèches en direction des autorités politiques françaises, en regrettant que cette histoire n’ait pas fait d’avantage réagir Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale. «J’ai trouvé le ministre hyper silencieux sur cette histoire», s’est-il indigné. Et de poursuivre : «Quand il y a eu le type qui a braqué sa prof avec un pistolet à eau, ça été repris en boucle mais quand il y a eu cette histoire, c’était presque ‘’silence radio’’. C’est tellement cul-cul de dire qu’il faut combattre le racisme. Il faut mettre les mains dans le cambouis et aller rencontrer les élèves qui ont un problème avec ça», insiste Akli Tadjer.
Dans un message publié sur Facebook, l’auteur avait partagé un mail d’une enseignante de français, qui indiquait : «Il y a eu une levée de boucliers de certains élèves car l’auteur n’est pas français (…), l’histoire ne concerne pas la France, et il y a du vocabulaire en arabe (…) Autrement dit, des réflexions vraiment racistes.»
Fin septembre, certains élèves de cette classe de terminale professionnelle du lycée Pierre-Mendès-France à Péronne avaient refusé de lire des extraits du roman Le Porteur de cartable, paru en 2002. Ils ont fait l’objet d’un rapport. L’un a eu un conseil de discipline, deux une exclusion temporaire de huit jours et quatre des sanctions éducatives.
R. M.
Comment (5)