L’analyse apocalyptique d’un média britannique sur la situation en Algérie
Le quotidien des affaires britannique Financial Times, qui est revenu sur les tractations qui entourent une éventuelle candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat, estime que le véritable défi auquel fait face le pays sont les prémices d’une montée d’un mouvement de mécontentement populaire «qui pourrait tout emporter sur son chemin».
«Le Front de libération nationale, principal parti de la coalition gouvernementale, qui ne se soucie guère du bouillonnement de la rue, mène depuis plusieurs semaines, tambour battant, une précampagne en faveur de Bouteflika pour la prochaine présidentielle prévue pour le mois d’avril», écrit le journal britannique, qui ajoute que «d’autres mouvements clés sur l’échiquier politique en Algérie, comme la puissante centrale syndicale, UGTA, et la formation de l’actuel Premier ministre ont pris le train en marche, en affichant ouvertement leur soutien inconditionnel à la candidature du président sortant Bouteflika».
Faisant dans l’exagération, Financial Times reprend les descriptions éculées réservées par les médias occidentaux aux pays du tiers-monde, en affirmant que «toute action des partis de l’opposition contre un 5e mandat est très souvent réprimée dans le sang».
Usant de qualificatifs impudents et peu respectueux à l’égard du chef de l’Etat, le journal note que «la perspective d’un nouveau mandat de cinq ans (…), avec tous les leviers du pouvoir entre les mains d’un clan opaque et compact qui gravite autour du Président malade, est désormais une source d’extrême inquiétude dans cet immense pays d’Afrique du Nord, principal exportateur de gaz naturel vers l’Europe».
«Certains analystes considèrent que le statu quo et la paralysie de la vie politique dans un pays qui doit faire face au défi monumental de la transformation de son économie, basée sur la rente pétrolière et gazière, est un vrai handicap pour toute stratégie visant à faire redémarrer la machine économique et booster le marché de l’emploi pour les millions de jeunes désespérés, une situation exacerbée par une chute drastique des réserves de change», écrit encore le journal d’un ton apocalyptique.
Mais selon Riccardo Fabiani, analyste géopolitique spécialisé dans les questions énergétiques basé à Londres, «pour le clan qui tient les mannes du véritable pouvoir en Algérie, un cinquième mandat pour Bouteflika reste l’option la moins risquée en termes de garantie des intérêts de ce clan. C’est pour cette raison que la prochaine présidentielle sera une simple formalité, une fois la candidature de Bouteflika confirmée», prédit le journal britannique qui emboîte le pas aux médias français piégés par Djamel Ould-Abbès.
«Pour un grand nombre d’observateurs qui suivent de près l’évolution de la situation politique en Algérie, relève le journal, il existe des signes avant-coureurs qui montrent clairement que le régime d’Alger est assis sur un volcan. Les slogans anti-Bouteflika entonnés dans les stades de football, lors de manifestations dans le Sud et partout lors des mouvements de grève, traduisent un sentiment de mécontentement populaire parmi les différentes franges de la société qui pourrait à tout moment dégénérer, pour entraîner le pays dans l’inconnu, avec tous les risques que cela pourrait engendrer, notamment l’effondrement de l’Etat et la fin d’un régime qui a atteint ses limites».
H. A.
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