La conférence européenne de soutien au peuple sahraoui accule le régime de Rabat
Par Amine B. – La 43e Eucoco, conférence européenne de soutien au peuple sahraoui, qui a rassemblé près de 400 personnes venant d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine et des Etats-Unis, a rappelé, avant tout, la nécessité de mettre fin à toutes les formes de colonialisme et de persécution.
Pour y parvenir, l’Eucoco a souligné l’exigence du respect du droit international et de toutes les résolutions pertinentes de l’ONU et, en particulier, la résolution 15/14. Dans ce cadre, l’Eucoco appelle l’Europe à se mettre en conformité avec les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne de décembre 2016, février et juillet 2018 concernant les accords de commerce et de pêche signés entre l’Union européenne et le royaume du Maroc.
L’Eucoco a salué le «travail remarquable» de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Horst Köhler, en vue de ramener le Front Polisario et le Maroc autour de la table de négociations. L’Eucoco a souhaité que le renouvellement du mandat de la Minurso pour les six prochains mois permette de briser le statu quo et d’avancer vers une solution garantissant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination. A ce titre, l’Eucoco a rappelé la responsabilité historique de l’Espagne dans le drame que vit le peuple sahraoui depuis plus de 45 ans. L’Eucoco a également salué le soutien solidaire et indéfectible de l’Etat et du peuple algériens qui ont offert un abri et une terre au peuple sahraoui réfugié depuis l’invasion barbare de son territoire par le Maroc.
La conférence a d’abord fait un point sur la situation. Au niveau politique, l’Eucoco a salué l’invitation de Köhler à Genève les 5 et 6 décembre pour des discussions préliminaires entre les deux parties directes au conflit, le Front Polisario et le royaume Maroc, en présence des pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie. Elle a apporté son soutien à l’Union africaine dans sa démarche visant à créer un mécanisme permanent dédié à la question du Sahara Occidental et l’a encouragée à redéployer une délégation au sein de la Minurso. L’Eucoco s’est, dans ce sillage, engagée à relayer la voix de l’organisation africaine auprès des institutions européennes et internationales, tout en dénonçant la volonté du Conseil européen et de la Commission européenne de contourner le droit européen, en incluant le Sahara Occidental dans le champ d’application d’accords commerciaux signés entre l’UE et le Maroc.
L’Eucoco a, à ce propos, rappelé aux institutions européennes que, d’après le droit international, le Maroc est une puissance occupante et demandé à l’Union européenne de contribuer à mettre fin aux souffrances du peuple sahraoui ainsi qu’à toutes les formes d’injustice et d’oppression perpétrées par les autorités marocaines. La conférence européenne a exhorté l’Union européenne à se conformer au droit international et à presser le Maroc pour qu’il respecte les Conventions de Genève et appelé le Parlement européen à se ranger du côté du droit international et européen en votant à l’encontre des amendements proposés par la Commission européenne et de résister aux ingérences du Maroc dans son processus décisionnel.
Sur la question des ressources naturelles, l’Eucoco a dénoncé le pillage continu des ressources naturelles sahraouies par des sociétés européennes en dépit de trois arrêts de la Cour de justice de l’UE et soutenu le Front Polisario dans sa démarche visant à attaquer en justice les entreprises responsables de ce pillage. Elle s’engage elle-même à initier des procédures judiciaires à l’encontre des sociétés européennes qui opèrent au Sahara Occidental aux côtés des autorités marocaines, mettant en garde dès à présent l’Union européenne contre de nouveaux recours en cas d’adoption, par le Parlement européen, des amendements visant à inclure le Sahara Occidental dans le champ d’application des accords commerciaux UE-Maroc.
S’agissant du respect des droits de l’Homme, l’Eucoco s’alarme quant aux violations permanentes des droits de l’Homme au Sahara occupé et à une justice politique à charge qui condamne à de lourdes peines les militants pour l’auto-détermination. Elle a appelé Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’Homme à l’ONU, à se rendre dans les territoires occupés et à rencontrer les prisonniers politiques. L’Eucoco a, par ailleurs, renouvelé son exigence de doter la Minurso de mécanismes de contrôle et de protection des droits de l’Homme au Sahara Occidental, tout en dénonçant la violation systématique des droits sociaux, économiques et culturels par l’occupant marocain depuis 1979.
La conférence européenne conférence européenne de soutien au peuple sahraoui a salué la gestion politique et sociale des camps de réfugiés sahraouis par le Front Polisario. Des réfugiés qui vivent dans des conditions extrêmes aggravées par le réchauffement climatique et la diminution de l’aide humanitaire internationale.
Le programme et la stratégie pour l’année 2019 ont été définis au sein des différents ateliers. Dans l’atelier politique, il a été pris acte des obstacles systématiques opposés par la puissance occupante à une résolution du conflit négociée, pacifique et permettant au peuple sahraoui de réaliser son droit à l’autodétermination. Il s’agit d’une considération majeure qui empêche le peuple sahraoui de choisir librement son avenir. «Il est indispensable de poursuivre le plaidoyer auprès du Parlement européen afin lutter contre l’inclusion de Sahara Occidental dans le champ d’application des accords commerciaux UE-Maroc», a noté l’Eucoco, estimant, au sujet du Parlement européen qui devrait se prononcer sur ces accords commerciaux amendés entre décembre et janvier 2019, que «tant au niveau européen que national, régional et local, il est impératif de sensibiliser les élus sur ce qui constitue une violation du droit international et communautaire». A ce titre, «il est important de renforcer les liens entre le mouvement de solidarité et les différents intergroupes parlementaires afin d’encourager les rencontres et les actions internationales», a souligné l’Eucoco qui considère que le réseau interparlementaire «doit être renforcé et constituer un axe à part entière de nos actions de plaidoyer».
Si l’accord proposé par la Commission est adopté par le Parlement européen, l’Eucoco compte mener une campagne de dénonciation avec des ONG internationales. «Il est impératif de s’assurer que chaque Etat membre fasse respecter les arrêts de la Cour de justice de l’UE», souligne la conférence qui a exhorté le Parlement européen à s’associer aux Nations unies afin d’apporter un soutien au processus de négociation mené sous l’égide de l’ONU et demandé au mouvement de solidarité de s’associer aux campagnes internationales visant à mettre fin à l’impunité des multinationales. Ces campagnes disposent, en effet, d’une grande force d’impact auprès de l’opinion publique.
La conférence de Madrid a reconnu l’importance que joue l’Union africaine en défendant le droit d’existence et de représentation de la RASD. En particulier, lors de sommets avec des Etats ou institutions ne reconnaissant pas officiellement le République sahraouie. A quelques jours de la reprise de négociations entre le Front Polisario et le royaume du Maroc, l’Eucoco a souligné l’importance de sensibiliser l’opinion publique aux manœuvres dilatoires du royaume chérifien. A ce titre, elle a rappelé que le renouvellement du mandat de la Minurso pour six mois «offre l’opportunité de garder la question du Sahara Occidental en haut de l’agenda politique international».
A. B.
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