Situation explosive en France : les mises en garde de l’ancien chef des Armées
Par Houari A. – Le général français Pierre de Villiers, ancien chef d’état-major des Armées, a affirmé que la situation actuelle en France cheminait vers un «gros risque d’explosion» vu le grand écart qui sépare les Français en matière de répartition des richesses du pays. «Les Gilets jaunes sont illustratifs de ce que j’ai écrit dans mon livre il y a déjà plusieurs semaines, c’est un signe supplémentaire du décrochage de confiance qu’il y a entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont à la base qui ne comprennent pas les décisions et qui, pire, les rejettent et vont dans la rue», a-t-il souligné.
En parlant des salaires, Pierre de Villiers, qui avait claqué la porte suite à un désaccord avec Emmanuel Macron dès son arrivée au pouvoir, fait remarquer que «la société française a un écart de salaires de 1 à 300» et que cela est intenable, d’autant que les regards sont braqués vers l’affaire du PDG de Renault dont les émoluments astronomiques choquent les Français.
L’auteur de Servir relève que «trop de petits chefs font peser une autorité du haut vers le bas [en France], alors que la vraie autorité, c’est celle qui fait jaillir l’initiative du bas vers le haut», ajoutant qu’«il y a aussi un manque de grand chef». «La France a besoin d’hommes de responsabilité et pas de pouvoir, qui ne soient pas tournés vers des préoccupations du sommet», a-t-il confié, arguant que «les démocraties ont envie de retrouver des chefs qui aiment les peuples, qui les respectent, qui les écoutent avant de prendre des décisions».
«Le danger de la situation actuelle, c’est qu’il n’y a pas d’encadrement de ce mouvement (des Gilets jaunes, ndlr)», avertit l’officier français qui observe que la France «est passée de l’espérance à l’inquiétude, au doute». Et le doute, selon Pierre De Villiers, «c’est le début de la défaite et nous voilà maintenant à la colère».
L’ancien chef d’état-major de l’armée française souligne qu’«il y a trop de courtisanerie» en France et que «ce qui manque dans la société française, c’est le retour de la vérité car la vérité est liée à la liberté».
Evoquant la situation dans les banlieues, De Villiers a dit que celle-ci «est inquiétante» et qu’«on ne peut pas laisser les choses en l’état». Pour lui, l’Etat français manque de fermeté mais néglige aussi l’aspect de l’intégration. Dans les banlieues, a-t-il affirmé, il y a des «caïds et des guetteurs qui maintiennent une forme de gouvernance parallèle à la gouvernance étatique» mais aussi une «jeunesse magnifique» qui, «une fois entrée dans l’armée, en six mois ou un an, on en fait des héros qui, sous le feu, vont chercher leurs camarades blessés».
H. A.
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