Patricia Lalonde : une nouvelle recrue française au service du Makhzen
Par Amine B. – L’eurodéputée Patricia Lalonde, rapporteur du Parlement européen (PE), chargée du dossier de renégociation de l’accord commercial Union européenne-Maroc, est membre du Conseil d’administration d’une fondation pro-marocaine, a révélé le site Euobserver, dénonçant un conflit d’intérêt «majeur», alors que l’ONG Western Sahara Resource Watch (WSRW) s’interroge sur la «légitimité» et le «rôle» de cette parlementaire qui s’était déjà distinguée par sa «partialité».
Dans une enquête exclusive, Eurobserver a rapporté, avec documents officiels à l’appui, l’existence de liens entre le rapporteur de la Commission du commerce international du Parlement européen et des groupes pro-marocains, notamment avec la Fondation EuroMedA, une organisation-écran marocaine installée dans les locaux du bureau bruxellois du cabinet de lobby Hill + Knowlton Strategies, dont le principal client est l’Etat marocain.
Patricia Lalonde, députée européenne, femme politique française, avait effectué, en septembre dernier, une mission parlementaire dans les territoires sahraouis occupés pour s’enquérir des retombées de l’accord de pêche UE-Maroc qui allait être élargi illégalement aux eaux territoriales sahraouies, alors que les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) avaient statué que le Maroc n’a aucune souveraineté sur les territoires sahraouis et que les deux territoires sont distincts. La Cour avait ainsi rejeté tout accord commercial impliquant le Sahara Occidental sans le consentement du peuple sahraoui.
Dénoncée par plusieurs parlementaires européens, notamment pour ses prises de position favorables au Maroc, Patricia Lalonde compte parmi les membres influents au sein de la fondation marocaine, où elle occupe un poste au sein du conseil d’administration, aux côtés d’anciens et actuels hauts responsables marocains du ministère de l’Agriculture et de l’ancien ministre des Affaires étrangère marocain, Salah-Eddine Mezouar, et M’barka Bouaida, ex-secrétaire d’Etat auprès du ministère marocain des Affaires étrangères, qui avait représenté le Maroc à l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne. Un rôle qui soulève des questions sur la légitimité du rapporteur.
Lors de cette mission parlementaire, l’eurodéputée française avait évoqué des «intérêts communs forts entre le Maroc et l’UE en particulier en ce qui concerne les questions d’immigration et de sécurité, telles que la radicalisation et le terrorisme», alors qu’une telle mission exigeait d’elle d’observer une «neutralité exemplaire», a souligné le média européen.
«Le rôle de l’eurodéputée Patricia Lalonde en tant que membre du conseil d’administration de cette fondation soulève de sérieuses questions quant à la légitimité de la laisser continuer à exercer ses fonctions de rapporteur parlementaire», a réagi, de son côté, Sara Eyckmans, présidente de Western Sahara Resource Watch (WSRW), ajoutant que son ONG avait déjà dénoncé le rapport «partial au profit du Maroc» de Patricia Lalonde, présenté au Parlement européen.
WSRW avait également souligné que la délégation européenne, conduite par Patricia Lalonde dans les territoires sahraouis occupés, était «controversée en ce sens que l’eurodéputée passait tout son temps à recevoir des représentants marocains et à soutenir l’accord commercial UE-Maroc dès le premier jour de la mission, sans même avoir rencontré les Sahraouis».
WSRW a indiqué, en outre, que l’eurodéputé Florent Marsellesi a déposé, ce samedi, une plainte contre Hill + Knowlton dans laquelle il a demandé de préciser si le comportement de la société de lobbying était conforme au code de conduite de l’Union européenne.
A. B.
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