L’écrivain Jaoudet Gassouma récidive : Salima Souakri, «Ceinture noire, cœur blanc»
Par Mordjana Chaouch – «…C’est dans la douleur qui forge le caractère que j’ai ainsi construit ma carrière sportive. J’ai toujours puisé dans le judo la force de sourire à la vie malgré tout. Le judo est plus qu’un sport pour moi, c’est aussi le cri d’une jeune fille, d’une femme qui a toujours lutté pour une vie meilleure.» Extrait de Salima Souakri, Ceinture noire, cœur blanc, paru aux éditions Al Bayazin, 2018.
Cet extrait de texte aux allures de bilan d’une vie est issu d’un livre paru dernièrement aux éditions Al Bayazin dans la collection «Sportifs d’exception» dirigée par Hocine Seddiki et écrit par l’écrivain journaliste, Jaoudet Gassouma en collaboration avec Salima Souakri. Le texte qui court sur quelques 150 pages est un essai bibliographique qui part de la prime enfance de la sportive jusqu’à sa reconversion en animatrice de talent sur une télévision privée qui traite de questions sociétales.
Avant d’arriver à la consécration télévisuelle et aussi institutionnelle, puisque l’héroïne de cette biographie pertinente est aujourd’hui conseiller au sein du ministère algérien de la Jeunesse et des Sports, Salima Souakri a vécu son chemin de croix en passant par toute la palette de drames et d’événements heureux que peut vivre une femme dans l’Algérie des années 1990 et 2000.
Les judokas le savent bien, être un bon judoka, c’est être un judoka qui sait tomber…dans le cas de l’exceptionnelle Salima Souakri, il s’agissait aussi de se relever de nombreuses épreuves aventureuses qui font d’elle une femme, une sportive hors du commun qui a de fait côtoyé les plus grand sur les scènes les plus importantes de la planète tout en ayant à cœur de laisser sa générosité en partage avec les plus humbles.
On saura dans ce livre que la digne fille de Douar Souaker dans les Aurès a toujours émis le vœu d’être une battante, d’être une héroïne. Et dans ce chemin de vie parsemé de choses inoubliables, elle arrivera à bon port jusqu’à devenir ambassadrice de bonne volonté de l’Unicef, adoptera toutes les causes humanistes et laissera sa popularité la porter aux nues par la reconnaissance d’un public encore nombreux à admirer ses envolées lyriques, soit à la télé ou en public quand elle signe ce livre manifeste de sa volonté farouche de monter toujours plus haut.
Il faut dire que «Ceinture noire, cœur blanc» joue sur une dialectique claire et nette, émise en noir sur blanc pour raconter une enfance heureuse, une adolescence mi-figue mi-raisin, composée de jours heureux, de compétitions forcenées, mais aussi de pertes irréversibles qui provoquent pour longtemps des plaies encore béantes.
Ce livre-récit porté par l’affection de l’auteur nous livre des pans entiers d’un parcours sportif qui sort de l’ordinaire, qui marque les pas d’une grande championne au tempérament de guerrière qui trempe ses mains dans un élixir de gagneuse, au caractère forgé dans la pugnacité et le courage. Salima se relèvera de ses blessures, pardonnera mais n’oubliera pas les abandons, les lâchages brutaux alors qu’elle avait encore à donner.
Belle revanche du temps qui passe, elle est conseillère au sein du MJS depuis peu, il est sûr qu’avec cette nouvelle mission, le sport féminin, le sport de haut niveau gagneront une voix écoutée.
Salima Souakri, jusqu’au mot fin de ce livre qui reste justement à sa dimension, ne manque pas de nous faire partager son univers fait de la résilience la plus totale en nous disant en fait que rien n’est impossible et que la puissance de l’esprit de résistance quand on est une femme dans un environnement très hostile peut vaincre toutes les adversités. Ce livre est un récit du parcours d’une vie de sportive d’exception, c’est aussi le livre d’une modeste petite fille qui un jour se promit d’être une héroïne, et qui se donna les moyens d’y arriver dans la plus belle des aventures humaines, l’aventure du cœur vaillant à qui rien n’est impossible.
M. C.
«Salima Souakri, Ceinture noire, cœur blanc» de Jaoudet Gassouma, éditions Al Bayazin, collection Sportifs d’Exception, dirigée par Hocine Seddiki, Alger, 2018, prix public conseillé, 900 Da.
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