Corruption, bureaucratie, crise institutionnelle : Bouteflika hausse le ton
Par Kamel M. – Le président de la République a réagi aux événements qui ont éclaboussé plusieurs institutions ces derniers mois. Si Bouteflika s’est abstenu d’intervenir dans la crise qui a secoué l’Assemblée populaire nationale, son discours de ce matin, à l’occasion de la rencontre entre le gouvernement et les walis, résonne moins comme une mise au point que comme une mise en grade aux différents acteurs qui «agitent» la scène politique nationale.
Bouteflika a, encore une fois, dénoncé la bureaucratie qui continue de gangrener l’administration et de retarder le développement du pays. En appelant à adopter une approche smithienne en laissant les jeunes créer de la richesse à travers l’entrepreneuriat, le chef de l’Etat sermonne ainsi indirectement les collectivités locales et le gouvernement de manière générale, à qui il reproche de freiner les initiatives individuelles au profit d’une mainmise totale sur tous les rouages économiques, via une paperasserie génératrice de corruption.
A ce sujet, justement, le président de la République a de nouveau fait preuve de fermeté quant à la nécessité de combattre ce fléau qui s’est propagé de façon exponentielle ces dernières années. Aveu d’impuissance ou décision d’aller plus vite et de frapper d’une main de fer à partir de maintenant ? Il faut rappeler que le chef de l’Etat a ordonné au juge du tribunal de Blida de libérer les généraux qui avaient placé sous mandat de dépôt pour «enrichissement illicite». Même si cette remise en liberté ne signifie pas un acquittement, il n’en demeure pas moins que l’opinion publique est quelque peu désarçonnée, ne comprenant pas ce qui se passe exactement.
Idem pour la crise de l’APN au sujet de laquelle le président Bouteflika a mis en garde – sans la citer ouvertement – contre toute tentative de porter atteinte aux institutions de l’Etat. On ne sait pas, néanmoins, à qui ce message s’adresse : à Saïd Bouhadja qui n’a toujours pas déposé sa démission, induisant de fait un Parlement hybride, ou à son successeur imposé par les députés frondeurs ?
Si le discours du chef de l’Etat a paru plus ferme que les précédents, il laisse cependant le citoyen sur sa faim, ne saisissant pas les dessous de ces avertissements du Président à quelques mois d’une échéance électorale cruciale. Faut-il s’attendre à des mesures concrètes après cette rencontre entre le gouvernement et les walis qui iraient vers une décentralisation souhaitée et une véritable libération de l’initiative à tous les niveaux ?
K. M.
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