A l’algérienne…
Par Bachir Medjahed – Le projet de décentralisation vient une fois de plus nous inciter à débattre du concept de suprématie ou de supériorité. Du congrès de la Soummam au congrès du Club des Pins qui a réuni le gouvernement et les walis, c’est encore un problème qui va diviser nos acteurs politiques et même ceux de la société civile.
Commençons par le Palais des congrès et ce qui en est sorti.
Au regard du fait que c’est l’élu qui bénéficie de la légitimité populaire, les attributions attendues de la révision des codes de commune et de wilaya sont celles d’un renforcement des pouvoirs des élus. Si, à un très haut niveau, un certain débat demeure encore à l’ordre du jour, à savoir la suprématie entre le politique et le militaire, cette fois-ci, au niveau local, qui doit posséder la suprématie de l’un sur l’autre, soit le maire qui est un élu et le wali qui est un administratif ?
Favoriser l’administration locale ? Favoriser les élus locaux ? Il y a une contradiction particulièrement remarquée. Le président de la République est un élu. Le chef de gouvernement est un élu parlementaire. Les parlementaires sont des élus. La tendance devrait aller vers plus d’attributions aux élus locaux et la soustraction de ceux-là à l’autorité de l’administration locale. Nous pouvons dire que, normalement, on accorde la suprématie à l’élu sur le fonctionnaire. C’est la répartition des attributions entre les élus et les représentants de l’administration qui donne un aperçu sur la nature du système politique en préparation.
Quel type de démocratie allons-nous installer si on se rappelle que lors de son discours d’investiture à la magistrature suprême, le président de la République avait bien précisé que «nous construisons une démocratie conforme à nos valeurs» ? Ce que nous venons de dire est normalement juste. Mais, en réalité, cela reste un discours dans la mesure où la légitimité de toutes les élections à tous les niveaux a toujours été en discussion.
Ce type de décentralisation est en-deçà de ce qui est demandé par rapport donc à des autonomies régionales ou à un système fédéral.
Concernant la fameuse supériorité du politique sur le militaire, le problème est résolu «à l’algérienne». Le chef de l’Etat, qui est un politique, a toujours été un militaire, officier de l’ALN.
B. M.
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