Selon l’évêque d’Oran : le pape François n’a pas annulé sa visite en Algérie
Par R. Mahmoudi – Alors que les préparatifs pour la béatification des sept moines de Tibhirine, assassinés par le GIA en 1996, prévue le 8 décembre au sanctuaire de Santa Cruz à Oran, se poursuivent, l’évêque du nord-ouest d’Algérie, Jean-Paul Vesco, a confirmé la venue d’Angelo Pecciu comme représentant du pape François à cette cérémonie, tout en assurant que celle-ci «sera le prélude à la venue du pape en Algérie», sans préciser aucune date.
Effet d’annonce ou simple formule de bienséance ? Evoquée une première fois, en avril dernier, par l’ambassadeur d’Algérie à Rome, l’annonce d’une visite du pape François en Algérie, à l’occasion de cette cérémonie de béatification, avait suscité de réels espoirs pour mettre fin à une longue et récurrente polémique, nourrie par des cercles anti-algériens en France, sur l’assassinat des moines de Tibhirine. «La visite [du pape] est importante, et c’est pour cela qu’elle doit être saluée par l’ensemble des Algériens parce qu’elle porte en elle un caractère humanitaire et tolérant, de même qu’elle donnera une image positive de notre pays, d’autant que c’est la première fois qu’un pape se rende en Algérie et que c’est la seconde béatification que le souverain pontife effectuera dans un pays musulman et la seconde dans un pays arabe après le Liban», avait précisé le diplomate algérien en poste à Rome.
Mais le Vatican n’entendait pas la chose du même point de vue. C’est l’archevêque d’Alger, Mgr Paul Defarges, qui sera chargé de prévenir ainsi que le souverain pontife ne se rendra pas en Algérie, même pour une occasion aussi importante sur le plan religieux. D’autres considérations, plus temporelles, semblent avoir décidé le Saint-Siège à renoncer à ce voyage en Algérie et à lui préférer le Maroc, qu’il visitera les 30 et 31 mars 2019.
La première raison invoquée est d’ordre sécuritaire. Des sources avaient indiqué à Algeriepatriotique que la visite du pape aurait été «encadrée du début jusqu’à la fin» par les autorités algériennes, contrairement au Maroc où ce dernier serait «plus libre de ses mouvements».
Second argument avancé : le pape tient compte du fait que sur les trois millions de musulmans vivant en Italie, plus de la moitié sont des Marocains. Aussi ses relations avec la Grande Mosquée de Rome – dont le recteur et son adjoint sont des Marocains qui travaillent pour le ministère des Affaires étrangères de leur pays –, et en vertu de son «engagement dans la voie du dialogue des civilisations», l’obligeraient-ils à maintenir des rapports plus étroits avec Rabat.
R. M.
Comment (17)