Ni cap ni perspective
Par Mrizek Sahraoui – Les fêtes de fin d’année devaient être un intermède bienvenu pouvant donner lieu à un essoufflement du mouvement des Gilets jaunes et, par la même occasion, permettre à Emmanuel Macron de reprendre le bout du fil conducteur du quinquennat, un quinquennat basé sur le mantra «il faut garder le cap», auquel il a habitué les Français et qui s’est transformé au gré de la contestation en «ni cap ni perspective». Emmanuel Macron et (son) gouvernement vont, désormais, à vau-l’eau, multipliant les couacs les plus invraisemblables tout en essayant de complaire aux Gilets jaunes, déterminés, eux, à mettre un terme à la tartufferie.
Le sixième acte de la protestation des Gilets jaunes s’est déroulé, ce samedi, avec moins de fracas que les séquences précédentes. Pour autant, devrait-on en conclure que le mouvement se soit essoufflé ? L’affirmer, c’est faire montre d’une malhonnêteté et d’une mauvaise foi sans borne. Un chiffre : 70% des Français soutiennent encore le mouvement ; un constat : en dépit du nombre en nette baisse, la mobilisation demeure intacte. Deux éléments qui condamnent Emmanuel Macron à quarante mois avec sursis, dorénavant dans l’incapacité de mettre en œuvre le programme pour lequel il a été élu – par défaut.
Au moment où les Gilets jaunes réclament haut et fort la démission du Président, Macron le parangon du modèle disruptif, le chef des armées, passe les fêtes de Noël (avant l’heure) aux côtés des soldats de l’opération Barkhane, plus que jamais embourbée dans un conflit sans fin et sans résultat tangible, par ailleurs, un gouffre financier alors que les caisses de l’Etat n’en finissent pas d’accuser un déficit abyssal.
Il n’y a pas si longtemps, Emmanuel Macron voyait tous les feux allumés au vert. En interne, bien plus à l’international, il engrangeait des points, au point où il était à deux doigts d’incarner l’homme providentiel venu sauver la France, pays en déclin avec Sarkozy et Hollande ; l’Europe, en proie à la montée inexorable des nationalismes ; le monde qui fait face à toutes les incertitudes.
Du rêve à la désillusion. Avec Emmanuel Macron, le chantre du discours creux, les partis d’extrême droite se frottent les mains. Il faudra un miracle pour éviter l’explosion de l’Europe. Le monde est plus que jamais incertain.
M. S.
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