Film sur Larbi Ben M’hidi : le réalisateur menace d’attaquer l’Etat en justice
Par R. Mahmoudi – Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire français Jeune Afrique, paru dans sa dernière édition, le réalisateur du film sur Larbi Ben M’hidi, Bachir Derrais révèle qu’après avoir eu «une notification verbale» que son film est interdit, il attendait «une notification écrite qui ]lui[signifie l’interdiction».
Derrais affirme ainsi que la copie du film qu’il a présenté récemment aux membres de la commission de visionnage au ministère de la Culture est «définitive» et qu’il n’apporterait plus d’autres modifications. Et comme il ne veut plus retourner le film, aucune solution ne semble en vue.
Bachir Derrais maintient sa position quant aux reproches qui lui ont été faits par ladite commission à propos, notamment, de la torture. La commission estime que le film ne donnait pas assez de place à la torture pratiquée à grande échelle par les parachutistes de Marcel Bigeard lors de la bataille d’Alger et qu’il ne montrait aucune scène de torture de Larbi Ben M’hidi par ses geôliers. Le cinéaste se justifie en soutenant qu’«il n’y a pas de traces, de preuves, de témoignages ou de documents que Ben M’hidi a bien été victime de torture par le colonel Bigeard avant son exécution par le général Aussaresses». Sur cette question, la sœur du martyr Larbi M’hidi a jugé que le film était «truffé d’erreurs».
Interrogé sur ses prochaines démarches, le Bachir Derrais affirme avoir écrit des lettres de recours au Premier ministre, au président de l’APN et au président de la République. Et d’ajouter : «Si l’interdiction est confirmée officiellement, l’affaire sera portée devant les tribunaux. Mes avocats devront éplucher les contrats, étudier les voies et moyens de contourner cette interdiction, de la contester.»
Cela dit, le réalisateur se dit déterminé à projeter le film. «Le film sortira. Aucune censure ne pourra empêcher à ce film, qui a coûté environ 3,5 millions d’euros dont 70% ont été apportés par l’Etat, de sortir», clamera-t-il.
Par ailleurs, il accuse le ministre de la Culture d’avoir fait de son film «une affaire personnelle».
R. M.
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