Négociations «secrètes» liées à l’élection présidentielle : l’énigme Mokri
Par R. Mahmoudi – Après avoir reconnu l’échec de son initiative appelant à un report de la présidentielle d’avril 2019, à travers laquelle il escomptait «aider le pouvoir à partir», le chef du MSP cherche aujourd’hui à redorer son blason, tout en essayant de rejeter la responsabilité sur ses «partenaires». Sauf qu’il pêche par un manque de transparence flagrant.
Mokri avoue pour la première fois avoir rencontré, en secret, le frère cadet et conseiller du Président, ce qui était un secret de Polichinelle, mais ne souffle mot sur ce qui s’est dit lors de cette rencontre. Mieux, il cherche à se justifier en présentant le frère cadet du Président comme un simple «interlocuteur» parmi tant d’autres. «La moitié de la cinquantaine de rencontres effectuées n’ont pas été annoncées», écrit-il en réponse à un commentaire posté, vendredi, sur sa page Facebook. Et de poursuivre : «Il (Mokri, en parlant à la troisième personne du singulier, ndlr) a déjà annoncé, à maintes reprises, avoir rencontré Saïd Bouteflika et d’autres.» Pour conclure : «L’initiative du consensus national a été combattue par le pouvoir, comment alors peut-elle en être l’émanation ?»
La vérité est que, à aucun moment, Abderrazak Mokri n’a ouvertement annoncé avoir rencontré le frère du chef de l’Etat dans le cadre de ses rencontres avec les acteurs politiques. Lui et son porte-parole, Nacer Hamdadouche, y avaient seulement fait allusion, en préférant garder le secret sur un certain nombre de rencontres effectuées par la direction du parti depuis novembre dernier.
Plusieurs titres de la presse en ont déjà parlé, en confirmant les fortes rumeurs qui avaient circulé, dès les premières semaines de décembre dernier, sur une rencontre qui aurait eu lieu entre les deux hommes. Des observateurs avaient, sur le coup, établi le lien entre la sortie de Mokri relative au report de l’élection présidentielle et cette rencontre. A l’époque, Mokri ne se sentait pas gêné qu’on présentât son initiative comme étant celle des décideurs, dont il aurait accepté de se faire le relais en contrepartie d’une part de pouvoir dans le prochain gouvernement. Il a lui-même contribué à brouiller sciemment les pistes en lançant une croisade contre Ahmed Ouyahia, qu’il présentait comme un «dangereux prédateur», voire comme le «candidat potentiel de l’armée».
R. M.
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