Yennayer : les Marocains demandent au roi de suivre l’exemple de Bouteflika
Par Houari A. – La reconnaissance de Yennayer comme Jour de l’An officiel en Algérie a poussé des ONG marocaines à réclamer la reconnaissance de cette date amazighe comme jour férié. La société civile marocaine ne comprend pas comment la langue et la culture amazighes puissent être officielles alors que Yennayer ne l’est pas.
Le Maroc avait une longueur d’avance sur l’Algérie en matière de reconnaissance de tamazight. Mais le combat acharné des militants de la cause amazighe jumelée à la volonté de l’Etat de réhabiliter cette composante essentielle de la nation algérienne ont accéléré le processus de reconnaissance qui a débouché sur la constitutionnalisation de la langue amazighe, élevée au rang de langue officielle et pour la promotion de laquelle une académie est en voie d’être créée.
L’Algérie a ainsi inversé la tendance en devenant pionnière dans ce domaine, au point de susciter la réaction des organisations marocaines qui exhortent désormais Mohammed VI à «appliquer la Constitution qui reconnaît le caractère officiel de la langue amazighe» et mettent en avant la nécessité de se conformer aux «conventions internationales qui soulignent l’importance de la préservation des cultures originelles des peuples».
La reconnaissance de Yennayer comme fête nationale avait suivi le même processus en Algérie. Des hommes de culture, des artistes et des journalistes avaient, en effet, signé un appel demandant la consécration du Nouvel An amazigh, Yennayer, journée de fête nationale chômée et payée. Les signataires s’étaient référés, notamment, au préambule de la Loi fondamentale «qui définit l’amazighité comme l’un des fondements essentiels de l’identité nationale» et à l’article 4 de la Constitution de 2016 qui stipule que tamazight est langue nationale et officielle.
Les initiateurs de cet appel avaient motivé leur démarche par le souci de «permettre des avancées effectives dans la prise en charge de cette réalité plusieurs fois millénaire». Pour eux, la décision de faire de Yennayer une journée de fête officielle chômée et payée «renforcera la cohésion de notre nation et la mettra en phase avec sa profondeur historique», considérant que l’Etat est «dans l’obligation et le devoir de remplir ses engagements envers tamazight, dans le strict respect de la Constitution».
Mohammed VI répondra-t-il à l’aspiration légitime de son peuple ?
H. A.
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