Un syndicat de police français accuse : «Le pouvoir politique nous manipule»
Par Houari A. – Le secrétaire général d’un syndicat de police français, Vigipolice, a fait de graves révélations, hier mardi, sur le plateau de la chaîne d’information en continu CNews. Alexandre Langlois a, en effet, accusé les responsables politiques de manipuler les forces de l’ordre, tout en affirmant ne pas connaître les raisons. «La hiérarchie donne de mauvais ordres ou elle le fait exprès pour alimenter la violence ?» interroge le journaliste Jean-Marc Morandini. «Nous n’aurons jamais la réponse», répond le représentant du syndicat de la police.
«Nous sommes manipulés car nous n’avons pas de vision d’ensemble sur place, nous recevons nos ordres d’un poste de commandement», a expliqué le policier français, en réponse aux commentaires sur les bavures et l’absence de maîtrise de la situation sur le terrain.
Le policier, qui a avoué que ses collègues soutiennent le mouvement des Gilets jaunes car «eux aussi n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois», a révélé que les forces de l’ordre françaises «sont mal formées» et sont à la traîne par rapport aux autres pays européens. «Les mouvements sont mal gérés. Il y a une manière de gérer les manifestations. Tous les pays européens ont évolué, alors qu’en France la haute hiérarchie et le [pouvoir] politique gèrent mal», a regretté Alexandre Langlois.
Le représentant syndical de la police française a, par ailleurs, estimé que les mesures annoncées par le Premier ministre, Edouard Philippe, étaient insatisfaisantes. «Nous ne sommes pas du tout satisfaits des mesures annoncées. Nous attendions des réponses politiques aux revendications des Gilets jaunes, ce qui nous aurait permis d’être enfin chez nous. Les collègues disent qu’ils vont encore être mobilisés, loin de leur famille, encore des heures supplémentaires», a confié le policier qui donne un chiffre abracadabrant : «Nos collègues sont déjà à 1 300 ans d’heures supplémentaires cumulées», a-t-il révélé.
Alexandre Langlois, qui dénonce une «communication politique», soutient que ses collègues et lui «ne veulent plus de 80 000 policiers mobilisés». «Huit semaines sans repos, il y a de l’épuisement», a-t-il alerté.
Le Premier ministre a annoncé la mobilisation de 80 000 policiers samedi prochain pour faire face aux manifestations des Gilets jaunes qui en sont à leur neuvième semaine dans leur bras de fer avec le pouvoir en place.
Les policiers, agacés d’être pris pour cible par l’opinion publique qui les accuse de réprimer des manifestants qui, pourtant, ne réclament que justice, vont-ils lâcher Macron et rallier la protesta ?
H. A.
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