Juppé baptise une rue au nom de Frantz Fanon : l’extrême-droite se lamente
Par Karim B. – L’extrême-droite française a violemment réagi à la décision du conseil municipal de Bordeaux, présidé par Alain Juppé, qui a voté pour qu’une rue de Bordeaux porte le nom du militant des causes justes, Frantz Fanon. «Frantz Fanon n’est pas n’importe qui. Son titre de gloire est d’avoir soutenu le terrorisme algérien», s’apitoient les nostalgiques de l’Algérie française qui tirent à boulets rouges sur le maire de Bordeaux qui a eu le courage de rendre hommage à ce grand homme qui s’était engagé dans la lutte contre le colonialisme.
«Il a soutenu l’ennemi de la France et a même été nommé ambassadeur par le Gouvernement provisoire de la République algérienne», se lamentent ces extrémistes qui accusent le psychiatre fondateur du courant des pensées tiers-mondistes d’avoir été «complice» de la «déportation forcée de toute la population d’origine européenne et sa spoliation totale», pleurant au passage la «disparition totale de la présence juive et chrétienne» en Algérie.
Les autorités françaises multiplient les gestes d’apaisement envers l’Algérie sans pour autant aller jusqu’à la repentance. Des efforts que les Algériens jugent insuffisants au vu de l’ampleur des crimes commis par la France et ses supplétifs durant la longue nuit coloniale.
Le président français avait lui-même affirmé, lors de sa première visite en Algérie, que la colonisation fut un crime contre l’humanité. En octobre dernier, Emmanuel Macron avait appelé la France à «regarder en face» le massacre des Algériens à Paris et sa banlieue en 1961. «Le 17 octobre 1961 fut le jour d’une répression violente de manifestants algériens», avait-il reconnu dans un tweet, soulignant que «la République doit regarder en face ce passé récent et encore brûlant».
En septembre, la France reconnaissait officiellement l’assassinat par l’Etat français du mathématicien Maurice Audin, militant de la cause algérienne. Plusieurs associations françaises, syndicats et partis politiques avaient appelé Emmanuel Macron à «confirmer la reconnaissance et la condamnation» du «système de torture généralisé» durant la colonisation, soulignant que «ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l’islamophobie dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières».
K. B.
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