Le pouvoir sait quel itinéraire emprunter
Par Bachir Medjahed – Sur le plan politique, serait-il erroné d’affirmer que les variables sont maîtrisées et que les pouvoirs publics ont déjà défini, même unilatéralement, les éléments constitutifs du nouvel ordre national interne à instaurer pour longtemps encore, y compris les nouveaux repères qui devraient baliser les mutations politiques, économiques et même sociologiques pour une société dont des couches entières ont paru n’avoir pas eu le même vécu culturel ?
Peut-on imaginer un seul instant que les pouvoirs publics, ou plutôt ceux qui décident de ce qui se fera, n’ont pas une vision de long terme, ne savent pas ce qu’ils devront faire, alors que la continuité des politiques étatiques, sur le plan politique, est bien évidente, quelle que soit l’équipe qui succède à l’autre, car les successions se font toujours au sein du même système politique ?
Ce n’est pas au niveau de l’alliance – ou de la cohabitation ? – au sommet entre les politiques et les détenteurs des moyens de force que pourrait s’appliquer la navigation à vue. On ne gouverne pas par l’improvisation et, à ce niveau, on ne se paie pas le luxe d’avancer à petits pas dans le champ des incertitudes.
Une recherche par tâtonnement de solutions à une équation politique ? Le pouvoir aurait perdu le «pouvoir» depuis bien longtemps et il y aurait eu implosion du système comme suite logique.
Non pas qu’à ce niveau on puisse dire que le pouvoir politique sait très bien ce qu’il fait ou ce qu’il doit faire, mais il sait quel itinéraire emprunter pour y parvenir. Un itinéraire balisé par des repères et à faire emprunter de force par ceux qui veulent y résister par les moyens de la politique, c’est-à-dire de façon pacifique.
Il serait normal, bien sûr, que l’on se demande quel nouvel ordre interne à instaurer quand il est affirmé que le moment n’est pas encore venu pour ouvrir le champ politique, pour ouvrir les médias au privé, pour légaliser de nouveaux partis, même si ceux-ci déclarent leur amour pour le pouvoir.
Quand tous les présidents successifs font dans la contradiction en annonçant leur projet de construction de l’Etat de droit tout en annonçant que nous sommes dans un Etat de droit, cela pose problème. Quand on affirme qu’il faudrait mettre les juges à l’abri de la corruption en augmentant leurs rémunérations, il y a une reconnaissance du fait que la corruption existe dans le système judiciaire.
B. M.
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