Ces «experts» nationaux qui veulent jeter l’Algérie dans les bras du FMI
Par Sadek Sahraoui – La Banque mondiale a estimé, ce 9 janvier, que l’économie algérienne devrait croître de 2,3% en 2019 et de 1,8% en 2020. Dans son rapport sur les perspectives de l’économie mondiale, l’institution a précisé que le taux de croissance de 2,3% prévu en 2019 est supérieur à sa précédente estimation de 2% datant de juin 2018. La prévision actualisée pour 2019 reste cependant légèrement en baisse comparée à celle de 2018, année durant laquelle le PIB de l’Algérie a enregistré une progression de 2,5%.
Ce ralentissement projeté de la croissance s’explique essentiellement par la baisse des dépenses publiques dans un contexte de chute des prix des hydrocarbures, qui représentent plus de 90% des exportations algériennes. «L’économie algérienne devrait décélérer à 2,3 % du fait de la diminution progressive des dépenses publiques qui avaient connu une augmentation considérable l’année dernière», a souligné la Banque mondiale, notant que l’année 2019 connaîtrait une stagnation de la reprise dans les pays exportateurs de produits de base. L’institution de Bretton Woods a également revu à la hausse sa projection de croissance pour 2020 (1,8% contre 1,3%, anticipé en juin 2018).
Certes, ces performances ne sont pas extraordinaires. Vu ses potentialités, l’Algérie peut effectivement nettement mieux faire. Mais eu égard au contexte de crise que traverse l’économie mondiale, les grands agrégats de l’économie algérienne montrent tout au moins que le pays résiste. Il le fait même mieux que certains pays dont les économies ont commencé à se frotter au capitalisme bien avant le nôtre.
Malgré cela, de prétendus experts nationaux relayés par la presse étrangère ont commencé à sombrer dans le catastrophisme et à prédire les pires scénarios pour le pays. Pour eux, la panacée aux problèmes économiques de l’Algérie consiste non pas à faire jouer la planche à billets comme le fait actuellement le gouvernement, mais plutôt à recourir une nouvelle fois à l’endettement. Autrement dit, ils préconisent de mettre le sort du pays entre les mains du FMI.
Pour soutenir leur argumentaire, ils rappellent que les réserves de change de l’Algérie, actuellement de 82,12 milliards de dollars, fondent à vue d’œil. Le constat n’est pas faux. Il est vrai que le matelas financier de l’Algérie s’érode plus rapidement que prévu. Les réserves de change du pays s’étaient établies à 114,1 milliards de dollars à la fin de l’année 2016 contre 144,1 milliards de dollars une année auparavant, et 178 milliards de dollars au 31 décembre 2014. Les recettes de la manne pétrolière se sont limitées à 33,6 milliards de dollars en 2017 contre 63 milliards de dollars en 2014, selon les derniers chiffres officiels. Les hydrocarbures représentent quant à eux, bon an mal an, 95% des exportations totales et 60% des recettes publiques de l’Algérie.
Mais est-ce une raison pour faire revenir le FMI en Algérie sachant que l’institution de Bretton Woods n’a semé que désolation partout où elle est passée ? N’y a-t-il pas d’autres solutions pour relancer l’économie nationale ? Beaucoup semblent avoir oublié que pour pouvoir se voir prêter quelques centaines de millions de dollars, le gouvernement a dû licencier des milliers de travailleurs durant les années 90 et fermer des usines à tour de bras. Cela avait, d’ailleurs, conduit à la paupérisation de larges pans de la société. Et, visiblement, c’est le genre de scénario que certains rêvent de voir se reproduire, avec, en prime, une perte de souveraineté pour le pays.
S. S.
Comment (46)