L’intervention de Mouloud Hamrouche : mise en garde ou offre de service ?
Par R. Mahmoudi – Le seul message à décrypter dans la dernière intervention de Mouloud Hamrouche, dans laquelle il analyse les soubassements historiques de la gouvernance algérienne sans évoquer directement l’élection présidentielle d’avril prochain, qui est pourtant l’objet réel du débat, est celui où il récuse clairement l’implication de l’institution militaire dans le jeu politique.
Selon lui, «une armée nationale trop impliquée dans des conflits avec des civils ou des groupes armés perd de son agilité et de sa capacité opérationnelle. La nature de ces conflits et de ces confrontations ne procure pas de batailles décisives, ni de victoire définitive». Cette observation vient apporter de l’eau au moulin de ceux qui, au nom de la préservation de la neutralité de l’armée dans la vie politique, se sont permis de s’attaquer impunément à d’anciens dirigeants de cette même institution et qui, paradoxalement, enfoncent davantage l’armée dans le jeu politique.
Hamrouche cherche-t-il, comme à la veille de l’élection de 2014, à s’assurer de la neutralité – ou de l’appui tacite – préalable de l’institution militaire pour briguer les élections ? Le choix du timing de cette intervention laisse, en effet, penser que l’option qui sera adoptée au final par les décideurs n’a pas encore été tranchée. C’est l’impression qu’avait donnée sa fameuse conférence de presse à l’hôtel Es-Safir en 2014, avant que l’actuel chef d’Etat annonce sa candidature.
Aussi, l’appel de Hamrouche à tirer les leçons de «nos failles, nos erreurs, douleurs et malheurs d’hier», pour le parachèvement de la mise en place de l’Etat national, ressemble bien à une ébauche de programme politique. Il reprend ainsi les fondamentaux de sa pensée politique qu’il a déjà eu à exposer par le passé.
Pour Mouloud Hamrouche, l’édification d’un Etat national souverain doit passer par «l’instauration d’une gouvernance fondée sur un exercice institutionnalisé des pouvoirs séparés, la garantie de l’existence des contre-pouvoirs, des contrôles et des voies de recours».
R. M.
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