Trop-plein ou vide ?
Par Bachir Medjahed – Le moral des populations va en prendre un sacré coup à voir leurs enfants occuper dangereusement la rue et couper les routes. Le moral des policiers va en prendre un sacré coup, eux aussi, sachant que leurs proches s’inquiètent de les voir contraints par les émeutiers à s’engager dans des actions de répression qui n’auraient jamais dû arriver si le dialogue avait été la base de l’action stratégique quotidienne des acteurs politiques, toutes catégories confondues.
Lorsque les jeunes émeutiers et les jeunes policiers s’affrontent alors que la solution ne se trouve ni chez les premiers ni chez les seconds, c’est que, quelque part, il y a un échec. Peut-on dire qu’il y a un trop-plein de vie politique ou un vide politique ? Où allons-nous et où n’allons-nous pas ?
Si les «apparentés pouvoir» ne savent pas ce qui va se passer, si l’opposition ne sait pas non plus ce qui va se passer et, surtout, ce qui ne va pas se passer, car cette seconde remarque devrait être plus importante, alors, nous devons conjurer tous les périls.
Si sur le plan international on disait que l’Algérie avait retrouvé sa place – encore faudrait-il le démontrer –, qu’en est-il pour ce qui concerne la politique interne ? Tout va bien quand on est proche – ou on croit l’être – du pouvoir et tout va mal quand on est dans l’opposition.
Avec quelles entreprises entrer dans l’économie de marché si celles existantes n’arrêtent pas de refaire sans cesse les mêmes recommandations ? Il y a, alors, la terrible impression que les conditions d’une réelle mise à niveau ne sont pas encore réunies et que, même, on ne sait pas exactement quand celles-ci finiront par l’être.
Même au niveau du gouvernement, les partis semblent absents, quoi qu’ils puissent dire, puisque l’essentiel des prérogatives pour ce qui concerne l’élaboration et la mise en œuvre des politiques d’action portant sur le futur économique ne relèvent pas de programmes de partis.
Peut-on alors se permettre de parler de forces politiques quand on évoque les partis politiques ? Cela paraît si peu crédible qu’une explication serait ainsi trouvée au fait que les jeunes populations préfèrent couper les routes et entrer dans des émeutes locales que de chercher la médiation des partis par le biais de leurs élus, tout comme des jeunes se sont laissés endoctriner au point de détruire leur propre vie et celle des autres en cédant à ceux qui en avaient fait des «kamikazes», tout comme d’autres acceptent de courir le risque de se noyer en Méditerranée, pourvu qu’ils tentent leur chance de se retrouver ailleurs.
B. M.
Comment (6)