Le Français Pierre Moscovici : «Oui, je roule pour Mohammed VI !»
Par Sadek Sahraoui – Le commissaire européen aux Affaires économiques, l’ancien ministre français de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici confirme qu’il est le principal architecte de l’inique accord commercial entre l’Union européenne et le Maroc qui inclut le Sahara Occidental occupé, adopté mercredi par le Parlement européenne, après de scandaleuses manœuvres de coulisses.
Dans un texte posté sur son compte Twitter, l’ancien directeur de campagne de François Hollande avoue ainsi, toute honte bue, et avec une joie apparente avoir proposé ce texte qui encourage la colonisation par le Maroc du Sahara Occidental et spoliation du peuple sahraoui de ses richesses naturelles. «L’UE a adopté la révision de l’accord UE-Maroc que j’ai proposé. Nous mettons fin à une incertitude juridique dommageable à tous, notamment aux entreprises et habitants du Sahara Occidental. Sur ces nouvelles bases, notre partenariat avec le Maroc est plus solide que jamais », écrit-il, confirmant ainsi que Bruxelles a, en réalité, toujours roulé pour Rabat et qu’il n’a jamais été dans son intention d’avoir une approche neutre sur le dossier ou, à la limite, une approche respectueuse du droit international et des décisions de la Cour de justice de l’UE.
Pierre Moscovici avait déjà confirmé ses accointances et sa compromission avec Rabat dans une lettre adressée le 6 décembre dernier au président de la Commission du commerce international (INTA) du Parlement européen, Bernd Lange. Le document en question avait été rendu public le 10 janvier par l’ONG Western Sahara Resource Watch.
Le commissaire européen aux Affaires économiques y avait reconnu que le Maroc a refusé la proposition de la Commission européenne visant à mettre en place un mécanisme de «traçabilité» des produits importés du Sahara Occidental, dans le cadre de la mise en œuvre du projet d’accord UE-Maroc (accord agricole) visant à étendre les préférences tarifaires au Sahara Occidental.
Plus grave, au lieu de se montrer un minimum «ferme» face aux caprices de Rabat, en lui rappelant notamment les exigences de la Cour de justice européenne et la législation de l’UE en la matière, le commissaire européen avait confirmé sa soumission au diktat du Makhzen, en révélant que le Maroc a proposé une «approche alternative» que la Commission européenne a acceptée. Il n’est donc pas faux de dire que la rédaction de l’accord illégal UE-Maroc s’est faite à Rabat. Une honte absolue pour Bruxelles dont la crédibilité se voit après cela définitivement entamée.
A ce propos, la vice-présidente du Parlement européen et députée, Heidi Hautala, a affirmé, mercredi, que l’adoption par le Parlement européen de cet accord a créé «un précédent dangereux», soulignant que ce vote risque de saper les efforts de paix déployés par l’ONU dans la région.
S. S.
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