Guerre contre l’intégrisme à l’école : Benghebrit mène-t-elle le combat seule ?
Par R. Mahmoudi – Alors que la ministre de l’Education nationale fait face à une campagne féroce sur les réseaux sociaux, suite à sa décision d’interdire la prière dans les établissements scolaires, aucun membre du gouvernement n’a osé exprimer sa solidarité avec elle.
D’ordinaire plus courageux face aux extrémistes, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, affiche cette fois-ci un profil bas et refuse d’assumer sa position sur cette polémique qui commence à prendre de l’ampleur.
Visiblement gêné lorsqu’un journaliste lui a posé la question, hier mardi au forum du journal Echaâb, le ministre a déclaré qu’il refusait de faire le moindre commentaire sur ce qui se dit dans les médias et les réseaux sociaux, allusion à une vidéo qui circule depuis quelques jours montrant le «renvoi» d’une élève par la direction d’une école algérienne à Paris pour accomplissement de la prière en pleine cour.
Sa sachant évoluer sur un terrain glissant, Mohamed Aïssa préfère renvoyer la balle au gouvernement, en déclarant : «Je ne sais pas s’il y a des mesures d’interdiction de la prière. Lorsque cela se saura, le premier à réagir ce sera le Conseil du gouvernement dont fait partie le ministère, lequel Conseil est sous l’égide du président de la République dont nous connaissons très bien les principes et le dévouement pour l’islam.»
Cette mollesse inhabituelle dans la position officielle du ministre des Affaires religieuses et l’absence de réaction du gouvernement sur cette question ne peuvent qu’encourager les détracteurs de Mme Benghebrit à poursuivre leurs attaques. Evidemment, les premiers à se déchaîner sur celle, ce sont les islamistes, conduits par le député pro-turc Hassan Aribi. En guise de réponse à la mesure annoncée par la ministre, ce député rend public sur sa page Facebook un diaporama montrant une variété de scènes de prières collectives accomplies par des élèves dans différentes écoles algériennes et étrangères.
Cette nouvelle polémique a été aussi l’occasion pour l’Association des oulémas du très conservateur Abderrazak Guessoum de s’en prendre à nouveau à Benghebrit. Dans un communiqué signé au nom de son association, Guessoum juge que «la manière dont les questions de religion et d’identité sont traitées par les responsables est inacceptable».
Sans vouloir croiser le fer directement avec les autorités, le porte-voix des Oulémas dira : «Il n’y a rien qui atteste de l’existence de directives écrites interdisant la prière à l’intérieur des établissements scolaires mais il apparaît clair que l’identité et les constantes de l’Algérie sont depuis des décennies la cible d’une campagne féroce.»
R. M.
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