Prière anarchique à l’école : Benghebrit livrée en pâture aux islamistes ?
Par R. Mahmoudi – Au-delà du courage dont la ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, a encore fait preuve, lorsqu’il s’agit d’éloigner l’école des contingences idéologiques, et notamment de l’infiltration salafiste, l’attitude timorée, et presque gênée, du gouvernement et de l’ensemble des forces politiques acquises aux valeurs universelles et à la modernité ont fini par donner des ailes aux forces conservatrices et islamistes qui crient, depuis quelques jours, à «un complot contre l’identité et la religion du peuple». Leur contre-argument : aucune loi n’autorise l’interdiction de l’accomplissement de la prière à l’intérieur des établissements scolaires.
Devant cette campagne intimidante, le débat tourne à sens unique. Une aubaine pour les partis islamistes qui cherchaient à se revigorer en cette période préélectorale et pour laquelle cette polémique peut servir de thème porteur pour mobiliser les électeurs.
C’est ainsi que les formations d’obédience islamiste ont, à l’unisson, dénoncé ce qu’elles qualifient d’«acte de provocation», d’«atteinte à la dignité et à la religion du peuple algérien» et de «mépris de la Constitution garante de la religion d’Etat et de ses constantes».
Le MSP d’Abderrazak Mokri a été le premier parti islamiste à réagir. Dans un communiqué de son bureau exécutif, qui s’est réuni mercredi, il a dénoncé «des restrictions et une conduite contraires à la liberté du culte et les libertés individuelles et collectives», commises, selon ce parti, par la ministre de l’Education contre «les élèves pratiquants». Il considère le soutien apporté par l’organisation Rotary à Mme Benghebrit comme «une ingérence étrangère dans les affaires intérieurs du pays».
Pour le Mouvement El-Binaa, dont le président est candidat à la présidentielle d’avril prochain, le devoir du ministère de l’Education nationale est de «garantir la réussite du système éducatif et une bonne formation aux élèves algériens mais pas d’exploiter les enfants du peuple pour des règlements de comptes idéologiques» (sic). Ce parti demande au président de la République d’intervenir pour stopper «ces pratiques», autrement dit de désavouer sa ministre.
R. M.
Comment (52)