Epicentre de la terreur
Par Sadek Sahraoui – Contrairement à ce que beaucoup croient, la guerre contre le terrorisme au Sahel est encore loin d’être terminée.
La tentation est même forte de dire qu’elle ne fait que commencer. Pour la remporter, cette guerre nécessitera du temps, des moyens et beaucoup de détermination. L’accalmie relative qui règne depuis quelque temps dans le nord du Mali et du Niger ne signifie pas en effet que le terrorisme est en perte de vitesse. Bien au contraire.
Compte tenu de l’effroi sans nom dans lequel sont plongés le Burkina Faso, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad, il est aisé de déduire que l’épicentre de la terreur au Sahel n’a fait que se déplacer du Nord au Sud.
Il est certain que les opérations militaires françaises Serval et Barkhane y sont pour quelque chose dans la redéfinition de la carte terroriste de la sous-région. En décidant de donner un grand coup de pied dans la fourmilière terroriste, les forces françaises ont juste provoqué ce qui pourrait s’appeler un éparpillement ou une atomisation des groupes terroristes. C’est certains, les terroristes ont perdu beaucoup d’éléments ces dernières années, y compris des chefs importants.
Les derniers rapports des Nations unis sur la question montrent cependant que les groupes terroristes ont une grande capacité de résilience et ils se régénèrent très vite. Et tout le monde en connaît les causes. Il n’est pas donc pas nécessaire d’y revenir ici. Par contre, il y a une remarque intéressante à faire. Le théâtre de crise aujourd’hui, si on peut l’appeler ainsi, se déroule précisément dans les anciennes zones de repli des groupes terroristes.
Le constat veut dire donc que les éléments du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et de Boko Haram se sont trouvé de nouvelles bases arrières. Eu égard à la pression exercée par les Algériens, les Américains et les Français sur les groupes criminels activant dans le nord du Sahel, ces nouvelles zones de repli ne peuvent donc se trouver que dans le reste des pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale. Elles ne peuvent pas être ailleurs.
Cette hypothèse se confirme d’ailleurs tous les jours. Si le choix de la stratégie en matière de lutte contre le terrorisme dans ces régions est aussi mauvais que celui arrêté dans le nord du Sahel, il y a tout lieu de s’attendre à ce que les populations locales endurent un long et sombre cauchemar. Tout cela avec le risque de voir le théâtre de crise migrer ailleurs en Afrique.
S. S.
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