Un religieux français raconte son émotion lors de sa visite en Algérie
Par Houari A. – La chaîne de télévision française France 2 a consacré son émission «Le jour du seigneur» à un hommage que le monastère d’Aiguebelle, dans le sud-est de la France, a rendu aux sept moines de Tibhirine sauvagement assassinés par les terroristes du GIA en 1996.
Père Georges, qui a fait partie des religieux français qui se sont déplacés à Oran pour la béatification des sept moines et l’hommage rendu aux imams assassinés durant la décennie noire, a qualifié cette cérémonie de «magnifique célébration». «C’était très émouvant parce qu’on se trouvait au milieu de la population en Algérie avec les notables musulmans qui étaient là mais nous faisions tous un dans cette célébration», a confié père Georges.
«En même temps, a-t-il ajouté, on célébrait tous ces imams, tous ces anonymes qui ont aussi donné leur vie parce qu’ils refusaient d’entrer dans ce cycle de violence et qu’ils ne voulaient pas prononcer des fatwas contre tel ou tel. Ils voulaient la paix pour leur pays. Ils étaient très nombreux. On a parlé de 144 imams qui ont donné leur vie.»
«C’était la première fois où des notables musulmans assistaient à une messe chrétienne et l’évêque du lieu est allé embrasser les imams qui étaient là», a souligné père Georges. «C’était très important pour nous religieux français d’Aiguebelle d’être là-bas», a encore affirmé le religieux français. «D’abord, parce que la France a une grande histoire avec l’Algérie et, puis, Aiguebelle a beaucoup soutenu Tibhirine. Il y a eu des moments très difficiles, économiques, politiques, des problèmes de santé aussi car le climat y était très dur. C’était important qu’Aiguebelle y soit», a-t-il expliqué, tout en mettant en avant le «lien fraternel et spirituel entre les deux abbayes de Tibhirine et d’Aiguebelle».
Le prêtre français a révélé que «certains responsables voulaient fermer la maison (le monastère de Tibhirine, ndlr)» mais «l’abbé d’Aiguebelle a refusé ainsi que d’autres communautés de l’ordre [qui] nous ont aidés pour envoyer une communauté à Tibhirine assez étoffée pour vivre dans la paix et célébrer dignement en pays musulman».
L’assassinat des sept moines trappistes «est un grand gâchis», regrette le moine qui s’interroge, dubitatif : «Pourquoi s’en prendre à ces gens-là alors que ce sont des hommes de paix, les moines de Tibhirne et les autres ?»
«On doit apprendre, et même en France, à avoir des cœurs ouverts, aller à la rencontre des autres, entrer dans une sorte de communion avec les autres», a-t-il conclu avant de célébrer une messe en hommage aux sept moines trappistes enterrés à Tibhirine.
H. A.
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