Catastrophe à Idlib : la Turquie complice
Par Gabriella Lima – Lors de leur rencontre tenue le 14 février, les chefs d’Etat russe, iranien et turque se sont accordés sur le respect de l’accord de Sotchi, ayant d’ailleurs inclus quelques changements suite à la prise de la moitié du territoire d’Idlib par les djihadistes du groupe radical Hayat Tahrir Al-Sham (HTS, ancien Front Al-Nosra).
Pour répondre à la question si les terroristes d’Idlib seront attaqués, il faut prendre en compte le mépris du mémorandum de la part d’Ankara ainsi que l’évolution de la situation à Idlib en général. Les groupes terroristes s’intensifient à Idlib sous le silence complice de la Turquie.
Selon le mémorandum en question, signé en septembre 2018, la Turquie est responsable de tout ce qui se passe dans la zone de démilitarisation autour d’Idlib. Jusqu’ici, Ankara n’a pris aucune mesure efficace pour garantir le respect de l’accord de cessez-le-feu. De surcroît, elle a laissé les terroristes de HTS prendre le contrôle de la province d’Idlib. Le fait que le leader du groupe djihadiste a ensuite déclaré son soutien à une éventuelle opération turque contre les Kurdes au nord-est syrien suscite des doutes à propos de vraies intentions d’Ankara.
Les militants des groupes terroristes affiliés à HTS qui tentent de renforcer leur pouvoir sur le territoire occupé, ont recours aux exécutions, prises d’otages et actes de terreur. Les djihadistes ont organisé une vente d’armes illégale.
Depuis le 29 janvier, les terroristes ont coupé des routes menant des villages du Nord d’Alep à Idlib pour taxer et contrôler l’accès à la province. Ainsi, Erdogan n’a pas pu remplir les conditions des accords de Sotchi prévoyant le déblocage des autoroutes clés. Les résidents d’Idlib craignent un manque de liquidités pour pouvoir s’approvisionner en produits de première nécessité.
Les terroristes de HTS bombardent quotidiennement les alentours d’Idlib. Tout cela se passe sous les yeux des forces turques qui auraient dû garantir le retrait des militants et des armements lourds.
La Turquie n’est pas capable de tenir ses engagements liés à l’accord de Sotchi car la majeure partie du territoire d’Idlib est contrôlé par les terroristes de HTS. Elle a certainement sa propre vision concernant les événements dans la zone de désescalade à Idlib, à peine conforme au mémorandum.
Il est probable qu’Ankara serait prêt à laisser l’armée syrienne libérer Idlib en échange d’une opération menée par les forces turques contre les Kurdes de Rojava.
Quoi qu’il en soit, la Turquie doit assumer toute sa responsabilité pour avoir torpillé le mémorandum conjoint. Tant qu’Erdogan ferme les yeux sur les activités des terroristes à Idlib, la situation ne cessera de s’aggraver
G. L.
D’après l’analyse par Firas Samuri pour VT
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