Clivages
Par Sadek Sahraoui − Les Algériens ont manifesté hier, en grand nombre et pacifiquement, dans plusieurs grandes villes du pays, y compris dans la capitale, pour dire «non» à un cinquième mandat du président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Aussi impressionnante qu’elle fut, cette réaction était néanmoins tout à fait prévisible. Elle était même attendue. Le mécontentement couvait en réalité depuis longtemps. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer la colère et la gronde monter.
Le projet de cinquième mandat apparaissait depuis plusieurs mois déjà comme une prise de risque inutile, une pilule difficile à faire passer pour un tas de raisons. Et la première d’entre elles est inhérente à la santé du premier magistrat du pays. Mais il n’y a pas que celle-là. Les Algériens sont sortis dans la rue parce qu’ils se sont sentis avant tout «humiliés» et «abusés». Ils ont battu le pavé car ils ont perçu aussi, à un moment, une volonté qu’on allait leur imposer un choix qui n’est pas le leur. Ils ont donc tenu à rappeler qu’ils n’étaient pas prêts à l’accepter et encore moins à servir de simples faire-valoir.
Les faits sont là : la candidature de Abdelaziz Bouteflika à un cinquième ne fait pas l’unanimité. Elle provoque même des clivages dans la société. Des divisions qui pourraient d’ores et déjà présager d’une campagne houleuse, chaotique et même risquée. Dès lors, la question qui se pose est de savoir ce que feront le candidat Abdelaziz Bouteflika et ses partisans. Prendront-ils la juste mesure du message des centaines de milliers d’Algériens qui ont manifesté hier ? Resteront-ils sur la ligne qu’ils se sont tracés ? Les tous prochains jours répondront certainement à ces questionnements graves.
Il faut juste espérer que la sagesse et la raison finiront par prévaloir. En ces temps caractérisés par l’incertitude et les dangers de toutes sortes, l’Algérie et ses enfants doivent à tout prix éviter de prêter le flanc à leurs ennemis. Et Dieu seul sait qu’ils sont nombreux.
S. S.
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