Intelligence
Par Sadek Sahraoui – La mobilisation contre le cinquième mandat ne semble pas s’essouffler. Les nombreux échos parvenant des différentes régions du pays laissent penser au contraire que la contestation va s’amplifier durant les prochains jours. La colère de la rue n’est pas qu’un simple orage d’été.
Preuve en est, les appels à de nouvelles marches se multiplient. C’est visiblement une lame de fond qui touche toutes les couches de la société et toutes les corporations.
Après la protestation hier des avocats, les étudiants ont observé ce matin des piquets de grève au niveau de leurs campus respectifs pour s’opposer au maintien de l’actuel chef de l’Etat au pouvoir. La colère est même partagée par des partisans du président de la République.
A l’Est du pays par exemple, des militants du Front de libération nationale (FLN) annoncent les uns après les autres publiquement leur démission du parti pour protester contre ce projet du cinquième mandat. Face à l’importante mobilisation, le discours des autorités a considérablement changé. Elles se sont défaits de leur arrogance d’il y a quelques jours.
Le ton est aujourd’hui plus conciliant vis-à-vis des manifestants auxquels ils reconnaissent le droit de manifester pacifiquement et d’exprimer leur courroux. Elles paraissent surprises par l’ampleur de la contestation. Ce changement d’attitude – que la rue interprète comme un recul ou une crainte des autorités – pourrait justement constituer un appel d’air qui finira probablement par convaincre les indécis à se joindre à la contestation. Et c’est qui a l’air de se produire. Il faut donc prévoir que les marches contre le cinquième mandat seront encore plus massives à l’avenir surtout que des partis politiques, jusque-là en retrait des événements, ont appelé leurs militants à rejoindre les protestataires.
Face à une telle évolution de la situation, les autorités doivent faire preuve d’intelligence. Et l’intelligence recommande non pas de jouer la carte du pourrissement ou de se laisser tenter par l’option de la répression, mais plutôt de continuer à encadrer les marches, de protéger les manifestants et de faire en sorte que la mobilisation reste saine, pacifique et authentique. Ce n’est qu’à ce prix que la paix civile sera sauvegardée et que les apprentis sorciers de l’intérieur et de l’extérieur seront neutralisés. L’intérêt général doit absolument primer sur tout le reste.
S. S.
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