Lettre à notre peuple
Par Nasser Chali – Il y a des dates miraculeuses dans l’histoire des peuples parce qu’elles sonnent l’heure du changement inévitable qui leur permettra de faire partie de la marche du monde. Si nos aînés ont triomphé du système colonial, nous, ce peuple jeune et souriant, devons cette fois-ci triompher du système que nous avons nous-mêmes produit. La situation est certes difficile mais positive à l’image des jeunots qui, dans les artères noires de monde, font l’accolade à leurs frères policiers. C’est la non-violence qui est de mise dans les grandes villes d’Algérie.
N’en déplaise aux voix discordantes de l’extérieur avec leurs conseils suicidaires à ce peuple jeune et souriant qui croit à la naissance de la deuxième République, nous dirons à ces chaînes de télévision d’un autre âge qu’il y a toujours primauté de l’intérieur sur l’extérieur et, par conséquent, leurs reportages ne sont que des commérages de bas étage et, surtout, qu’ils se taisent.
Quelques remarques s’imposent cependant.
La conférence nationale doit être l’œuvre de personnalités neutres connues de tous pour leur probité et leur honnêteté. Recycler des anciennes figures n’est qu’une perte de temps irrécupérable.
Le pouvoir actuel doit gérer la transition sur le plan administratif et sécuritaire. Toute velléité de ressusciter un système qui a enfanté son propre échec est une manœuvre qui nous propulsera vers le chaos. On ne peut être une partie de la solution quand on est encore une partie du problème.
Il est évident que le système politique qui a enfanté l’immobilisme et la régression est difficile à contrecarrer, mais tout le monde aura la sagesse de l’affronter dans la paix des urnes.
L’avènement de la deuxième République ne peut voir le jour que dans la réussite de cette période de transition. Il faut que la force de la loi l’emporte sur la loi de la force.
La réaction de certains responsables européens est inquiétante. Ils ont peur d’être envahis. Le sort du peuple ne les regarde pas. Ce qui les intéresse, c’est le système politique qui peut leur garantir des contrats juteux.
L’opposition actuelle est discréditée. Elle fait partie de ce système au gré des circonstances. Les jeunes du CRUA en avaient marre des vieux du MTLD et des structures amorphes de ce parti et étaient donc sortis défier le système colonial avec les résultats que l’on sait. De plus, l’opposition n’a pas fait depuis des années ce que des jeunots ont fait depuis quelques jours. Alors, peut-on encore parler d’opposition ?
Ceux qui parlent de «printemps arabe» sont hors-sujet. Comparons-nous aux révolutions de velours des ex-pays de l’Europe de l’Est. Je me souviens de Vaclav Havel qui disait aux parlementaires de Strasbourg : «I am not here to beg you !» (je ne suis pas ici pour vous supplier). Inspirons-nous de ces révolutions populaires pacifiques dont les résultats dans tous les domaines sont palpables.
Pour que nos enfants ne soient plus de la chair a poisson, pour rendre le sourire de la fierté à nos martyrs au Paradis, pour que le jeune dans la rue fraternise avec le policier, nous sommes condamnés à rester solidaires et unis. Nos jeunes ont bien appliqué les consignes d’Abane le rassembleur et de Ben M’hidi qui disait que la révolution se fait dans la rue mais pas dans les salons feutrés d’une opposition qui n’est autre qu’un deuxième parti unique.
L’union sacrée et surtout pacifique de tous les Algériens est indispensable pour sortir de l’impasse.
Gloire à nos martyrs.
N. C.
(Toronto)
Ndlr : Les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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