Honteuse exploitation de l’attaque de la Nouvelle-Zélande par le président turc
Par Sadek Sahraoui – Erdogan utilise le drame de Nouvelle-Zélande à des fins électoralistes et exalter sa base nationaliste et religieuse (dans moins de deux semaines il y aura des élections locales qui s’annoncent serrées) en menaçant le gouvernement zélandais de représailles contre l’auteur du massacre s’il ne subit pas une peine selon ses desiderata.
Recep Tayyip Erdogan va même plus loin en soutenant aujourd’hui l’idée que l’attentat en question fait partie d’une «opération» plus large qui vise la Turquie. «Ce n’est pas un acte isolé, c’est quelque chose d’organisé», a-t-il déclaré lors d’un discours à Canakkale, dans l’ouest du pays. «Ils sont en train de nous tester avec le message qu’ils nous envoient depuis la Nouvelle-Zélande, à 16 500 km d’ici.»
Le président turc qui s’autoproclame ainsi justicier des musulmans a même fait de cette attaque le thème central de ses meetings quotidiens. Selon les médias turcs, il a même projeté pendant le week-end, sur écran géant, des extraits de la vidéo filmée par l’assaillant lors de plusieurs meetings, suscitant de nombreuses critiques au moment où les réseaux sociaux et plateformes de partage s’efforcent d’en limiter la diffusion.
Il s’en est également pris aux pays occidentaux auxquels il a reproché de ne pas parler de «terrorisme chrétien» alors qu’ils «parlent de terrorisme islamique» lorsqu’un attentat est commis au nom de l’islam.
Le chef de l’Etat turc a plusieurs fois fait référence au «manifeste» posté par l’auteur présumé de l’attaque dans lequel il émet notamment le souhait de voir Istanbul redevenir la Constantinople chrétienne qu’elle était avant sa conquête par les Ottomans en 1453. «Nous sommes ici depuis mille ans et, si Dieu le veut, nous resterons ici jusqu’à l’apocalypse. Vous n’arriverez pas à faire d’Istanbul une Constantinople», a lancé Erdogan lors de son discours de lundi. Ces éléments prouvent que le président turc est prêt à déclencher une guerre de religions rien que pour se maintenir au pouvoir.
S. S.
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