Trump offre à Netanyahou le Golan et met le feu au Proche-Orient
Le président américain Donald Trump s’est prononcé jeudi 21 mars en faveur de la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, une décision en rupture avec la position des Etats-Unis et de la communauté internationale depuis des décennies.
A moins de trois semaines des élections législatives du 9 avril à l’issue incertaine, cette annonce est perçue par les observateurs comme un vrai coup de pouce pour le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui la réclamait haut et fort. Un coup de pouce qui met le feu au Proche-Orient.
Israël a conquis une grande partie du Golan, soit 1 200 km2, lors de la guerre des Six Jours en 1967 et l’a annexée en 1981, mais la communauté internationale n’a jamais reconnu cette annexion. L’ONU avait même réclamé dans sa résolution 242 du 22 novembre 1967 le «retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit». Ce qui n’a jamais été le cas.
«Après cinquante-deux ans, il est temps pour les Etats-Unis de reconnaître pleinement la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, qui a une importance stratégique pour l’Etat d’Israël et la stabilité régionale», a tweeté le Président américain au moment où son chef de la diplomatie, Mike Pompeo, se trouvait à Jérusalem. «Merci président Trump !», a immédiatement tweeté Netanyahou après l’annonce de l’ancien homme d’affaires new-yorkais, dont il a loué le «courage». «Le président Trump vient d’écrire une page d’histoire», a insisté le Premier ministre israélien lors d’un dîner avec Mike Pompeo.
Fin 2017, Donald Trump avait déjà rompu avec le consensus international en reconnaissant unilatéralement Jérusalem comme la capitale d’Israël. La partie orientale de la ville sainte a été conquise par Israël en 1967.
La communauté internationale juge illégale cette annexion et renvoie le statut final de la ville à des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. La Syrie a, de son côté, rejeté comme «une violation flagrante du droit international» la déclaration du président américain Donald Trump.
«La position américaine sur la partie occupée du Golan syrien reflète clairement le mépris des Etats-Unis pour les règles internationales et leur violation flagrante du droit international», a déclaré une source du ministère des Affaires étrangères syrien à l’agence de presse officielle syrienne Sana.
Pour Damas, les déclarations du Président américain «confirment une nouvelle fois le parti pris aveugle des Etats-Unis en faveur de l’occupation sioniste et leur soutien à cette attitude agressive» (des Israéliens), selon le ministère. Mais «les déclarations du Président américain et de son administration ne changeront rien au fait que le Golan est et restera arabe et syrien». «La déclaration malheureuse du président Trump à propos du plateau du Golan met la région au bord d’une nouvelle crise, de nouvelles tensions», a, quant à lui, déclaré le président turc Erdogan à l’ouverture d’une réunion de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul ce vendredi. «Il est hors de question pour la Turquie et l’OCI de rester silencieuses devant un sujet aussi sensible», a ajouté le Président turc. «Nous n’autoriserons jamais la légitimation de l’occupation du plateau du Golan», a-t-il insisté.
Un haut responsable palestinien, Saëb Erakat, a dénoncé aussi «le soutien américain» à l’occupation israélienne. «L’annonce de Donald Trump a également suscité de vives réactions aux Etats-Unis. Leon Panetta, ancien chef du Pentagone, a ainsi déploré que Donald Trump «tweete une annonce qui n’a pas été débattue avec nos partenaires internationaux et à l’ONU».
Robert Malley, président du Crisis Group et ancien conseiller de Barack Obama, a critiqué pour sa part une décision «éminemment politique», prise «au mépris du droit international» et dont le timing vise clairement à «aider Netanyahou sur le plan électoral».
S. S.
Comment (16)