Guerre des nerfs
Par R. Mahmoudi – Le président de la République a pris l’habitude, depuis le début des contestations populaires, d’adresser un message au lendemain de chaque grande manifestation en faisant, à chaque fois, de nouvelles concessions, réelles ou symboliques, pour tenter d’apaiser les ardeurs et, par la même occasion, de gagner du temps.
Cela dure depuis un mois. Or, la situation n’est plus ce qu’elle était au début. Les manifestants qui sortent chaque vendredi par millions n’acceptent plus les demi-mesures, ni aucune mesure d’ailleurs. Ils n’attendent plus qu’une chose : le retrait sans délai du chef de l’Etat et le départ sans conditions de toute son équipe au pouvoir.
Jusqu’à quand va continuer cette guerre des nerfs qui, peut-être, ne transparaît pas, pour l’instant, dans ses démonstrations populaires tout en couleurs et tout en sourires mais risque, subrepticement et graduellement, d’alimenter la colère et de pousser au pire ?
Quand les autorités politiques – ou ce qui en reste – décideront-elles de rétablir la communication directe avec le peuple ? Cette situation où il n’y a plus personne au sein de l’Etat qui ne s’adresse pas directement aux citoyens devient, en effet, intenable. Un chef d’Etat, absent physiquement, fait lire des missives sans aspérités et sans âme, son Premier ministre s’est tu depuis sa première conférence de presse ratée, son adjoint ne parle plus qu’aux étrangers, le chef d’état-major récite, lui aussi, des parchemins pleins de non-dits et de messages à décrypter.
On ne parle pas de ces chefs de partis présumés loyalistes qui sont censés faire le lien entre le sommet la base mais qui ont, eux, perdu la langue pour de bon.
R. M.
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