Résidus tolérés
Par R. Mahmoudi – Les anciens cadres et militants du FIS dissous ont trouvé dans les manifestations populaires qui se déroulent chaque semaine à travers tout le pays l’occasion en or pour tenter de réinvestir la rue, comme dans les années 1990, mais, apparemment, ils se perdent dans un paysage multicolore et incroyablement métissé dans lequel ils ne peuvent servir que de décor ou de signe de pluralité.
En l’absence d’Ali Benhadj qui, lui, est toujours interdit d’activité politique et, donc, interdit de rejoindre les marches hebdomadaires, c’est Kamel Guemmazi qui dirige le petit carré FIS, comme on le voit sur des photos et dans des vidéos qu’il diffuse sur sa page Facebook et relayées par ses condisciples. Dans sa dernière vidéo en date, on voit Guemmazi en tête, accompagné d’une demi-douzaine d’hommes dans leur accoutrement distinctif, arborant un drapeau national mais sans banderole ni slogan. Un sympathisant du FIS se contente d’écrire sur sa page, pour commenter la présence de son gourou dans la marche de vendredi à Alger : «Nous resterons ici, avec cheikh Guemmazi, un des dirigeants du Front islamique du salut ! Elle sera novembriste, avec une identité islamique, si Dieu le veut !»
D’autres anciens dirigeants du parti dissous avaient été aperçus lors de précédentes manifestations dans des villes de l’Est, comme à Oued Souf, mais n’ont eu aucun impact réel sur la population, ni sur ses revendications. Faut-il en conclure, pour autant, que le péril islamiste, et celui que représente notamment ce parti extrémiste à l’origine du drame qu’a vécu l’Algérie pendant une décennie, n’est plus à craindre ? Que connaît-on de leurs visées futures pour se replacer sur la scène politique et refonder leur parti, à la faveur des prochaines élections – présidentielle ou législatives – qui ne manquera pas de leur rouvrir l’appétit ? Tous ces activistes extrémistes croient que le changement en cours pourrait leur servir de tremplin pour rebondir. Mais les Algériens ne sont pas dupes. Ils les tolèrent mais ne les suivent pas.
R. M.
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