Réédition d’un livre du général Nezzar sur Bouteflika saisi par l’ex-DRS en 2003
Par Kamel M. – Le général à la retraite Khaled Nezzar s’apprête à rééditer un livre qu’il avait édité durant le premier mandat de Bouteflika, mais dont le contenu incisif avait poussé les services de sécurité à empêcher sa vente, en achetant la quasi-totalité de l’ouvrage édité en Algérie et en France.
Le livre, Bouteflika, un mandat pour rien, dénonçait, avant même la fin du premier mandat, les travers de la gouvernance autocratique de celui qui allait s’assurer trois mandats supplémentaires et régner sur le pays sans partage durant vingt longues années.
Bouteflika, un mandat pour rien revient sur le choix qui avait été porté sur Abdelaziz Bouteflika en 1994 avant que celui-ci s’envole pour un pays du Golfe la veille de l’annonce de sa désignation pour assurer la transition politique après la fin du mandat du HCE. L’auteur évoque une «journée des dupes, des manœuvres et des psychodrames», en parlant de cette «désertion» à la dernière minute du «moins mauvais des candidats».
L’ancien ministre de la Défense nationale relevait, déjà, dans son livre les «premières fausses notes» dès l’avènement du successeur de Liamine Zeroual et pointait les «outrances de langage» de «l’homme des brusques variations». Il s’interrogeait si la prise du pouvoir par Abdelaziz Bouteflika, sous l’effet du «syndrome de Sissi», était un «retour» ou une «réappropriation», tout en relevant que le locataire d’El-Mouradia, «communicateur exclusif», avait «érigé le régionalisme en raison d’Etat» et fait siens les «procédés de la mafia».
Le général Khaled Nezzar fustigeait aussi la mainmise de la famille Bouteflika sur le pouvoir, condamnant au passage la «tactique du double discours», tout en évoquant les affaires de corruption, notamment le dossier Khalifa, et le pourrissement entretenu en Kabylie.
Le livre se voulait une mise en garde contre un deuxième mandat en faveur de Bouteflika. Une position partagée par l’ancien chef d’état-major de l’ANP à l’époque, le défunt général Mohamed Lamari, qui avait dû démissionner dès la promulgation des résultats donnant le candidat à sa propre succession «vainqueur» de l’élection présidentielle de 2004 devant son ancien Premier ministre, Ali Benflis, qui avait, lui aussi, compris la menace que représentait pour le pays le maintien des Bouteflika au pouvoir.
K. M.
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