Douzième acte du hirak : entre slogans extrêmes et rejet d’un régime militaire
Par Karim B. – Le douzième vendredi du hirak, qui a drainé du monde à travers les quarante-huit wilayas du pays, bien qu’en nombre inférieur par rapport aux semaines passées, est marqué par des avis partagés suite aux dernières incarcérations qui ont touché plusieurs hauts responsables politiques et sécuritaires.
«Exécutez les traîtres !», lit-on sur un écriteau brandi sur la place de la Grande-Poste d’Alger, et barré d’une caricatures de l’ex-patron du DRS, le général Mohamed Mediene dit Toufik, l’ancien coordinateur des services de sécurité, le général Athmane Tartag dit Bachir, et le frère du président démissionnaire, Saïd Bouteflika, sous une corde de potence. Les citoyens qui lancent cet appel cherchent-ils à influencer la justice et à constituer une sorte de tribunal populaire alors même que le procès des prévenus n’a pas encore commencé ?
Dans le même carré de manifestants, d’autres citoyens arborent une pancarte sur laquelle il est écrit : «Non à un régime militaire !», dénonçant ainsi ce qui est considéré comme une dérive autoritaire suite aux dernières arrestations, notamment celle, hier, de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qui a suscité l’indignation de nombreux partis politiques dénonçant une atteinte à la démocratie.
Si les manifestants demeurent résolument engagés à préserver le caractère pacifique des rendez-vous du vendredi, ils semblent néanmoins de plus en plus divisés sur la suite à donner à ce mouvement populaire né le 22 février dernier. On voit clairement qu’une partie de l’opinion fait corps avec l’état-major de l’ANP, en qui elle place sa confiance pour «éradiquer» le mal à la racine, et qu’une autre commence à s’inquiéter et à revendiquer un départ imminent de tous les symboles de l’ancien système «sans exception».
Une chose est sûre, quel que soit l’avis des manifestants, tous s’accordent à dire qu’ils continueront à battre le pavé jusqu’à ce que le changement dont ils exigent l’avènement rapide se réalise. Or, le dernier discours du général Ahmed Gaïd-Salah et les audiences du chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, indiquent que le pouvoir persiste à vouloir tenir l’élection présidentielle le 4 juillet prochain, en dépit du refus de l’écrasante majorité des citoyens.
L’armée changera-t-elle d’avis d’ici là ? Le prochain discours de l’homme fort de l’armée éclairera notre lanterne sans doute sur le prochain itinéraire inscrit sur sa feuille de route.
K. B.
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