Le Makhzen pris en flagrant de délit de pillage de l’or dans un pays africain
Par Karim B. – Les services de sécurité soudanais ont saisi une quantité d’or à l’aéroport de Khartoum. La cargaison, expédiée d’une ville intérieure qui compte une mine d’or, allait être exportée frauduleusement. La société mise en cause dans cette tentative d’exportation clandestine de 241 kilogrammes d’or appartient au Makhzen.
Selon un haut responsable sécuritaire soudanais, seuls 93 kilogrammes d’or avaient été déclarés par la société marocaine pour être autorisés à l’exportation. Ce responsable n’a pas révélé le nom de cette firme qui spolie les richesses minières du Soudan, se contentant d’indiquer qu’elle est marocaine. Or, il est de notoriété publique que toutes les entreprises de ce type appartiennent à la famille prédatrice qui règne sur le Maroc par la captation et la répression.
Selon des estimations révélées par l’agence de presse britannique Reuters, sur les 100 tonnes d’or extraits par an au Soudan, 70% de cette quantité sont exportés frauduleusement. Combien de tonnes le Makhzen a-t-il volées depuis que ses sociétés activent dans ce pays où ce minerai précieux constitue une des sources de revenu principales pour le Soudan ?
Le Makhzen a la haute main sur tous les rouages économiques au Maroc. Toutes les grandes entreprises appartiennent à la famille régnante ou à la clientèle du palais, constituée des richissimes hommes d’affaires loyaux au roi ou parvenus grâce à leurs liens d’amitié avec Mohammed VI et son père Hassan II. Ces sociétés engrangent des bénéfices astronomiques dans les domaines des mines, des finances, des télécommunications, de la grande distribution, de l’industrie mécanique et aéronautique, etc.
Cette révélation sur le pillage de l’or soudanais depuis des années par une de ces firmes appartenant à l’oligarchie marocaine n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, selon des sources très au fait des «magouilles» du Makhzen. L’opposant Moumen Diouri avait fait état de cette rapine dans un livre paru au début des années 1990, sous le titre évocateur : A qui appartient le Maroc ?
L’enquête diligentée par les nouvelles autorités soudanaises détermineront s’il existait une complicité entre l’ancien régime d’Omar El-Bachir et le Makhzen dans ce qui s’apparente à un plan transnational portant gravement atteinte à l’économie du Soudan.
K. B.
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