Réunion secrète avec Toufik et Saïd Bouteflika : Hanoune passe aux aveux
Par R. Mahmoudi – Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) détenue à la prison de Blida, a reconnu, par la voix d’un de ses avocats, sa participation, le 27 mars dernier, à une réunion en présence de Saïd Bouteflika et du général Mohamed Mediene, dit Toufik.
La réunion a eu lieu, d’après l’avocat Rachid Khane, qui est aussi membre de la direction du PT, à la résidence d’Etat Dar El-Afia. Dans sa déclaration rendue publique mercredi, l’avocat de Louisa Hanoune affirme que sa cliente et néanmoins cheffe «a seulement assisté à une réunion de consultation, en présence de l’ex-conseiller du Président, Saïd Bouteflika, et le général-major à la retraite Mohamed Mediene, dit Toufik (…)». Et d’enchaîner : «La réunion a eu lieu le 27 mars 2019, dans l’après-midi, et a duré environ une heure et demie. Elle avait comme objet des consultations et un échange de points de vue autour de ce qui se passait sur la scène politique.» L’avocat ajoutera : «Louisa Hanoune pensait que cette rencontre était officielle, et qu’elle avait l’accord du président de la République. Sinon comment expliquer qu’en une heure il soit possible de commettre tous ces actes, qui constituent des accusations lourdes passibles de la peine de mort.»
Dans sa plaidoirie anticipée, l’avocat rapporte que Louisa Hanoune a été surprise par les chefs d’inculpation qui sont retenus contre elle et qu’elle estimait bien avoir accompli son devoir de responsable d’un parti politique et de députée, qui l’autorise, selon elle, à «représenter le peuple auprès des différents organismes officiels».
La première chose à remarquer à la lecture de cette déclaration, c’est que, contrairement à l’autre avocat de la défense, Mokrane Aït Larbi, Rachid Khane a pris sur lui de dévoiler les arguments sur lesquels la détenue doit s’appuyer devant le juge, alors que l’affaire est encore en instruction.
Ceci sur les questions de forme, dans le fond, le revirement de Louisa Hanoune dans ses déclarations au sujet de sa rencontre avec les hauts responsables poursuivis pour «atteinte à l’autorité de l’armée» et «complot contre l’autorité de l’Etat», et détenus à la prison militaire de Blida, risque de se retourner contre elle.
Ainsi, dans une première déclaration qui lui est attribuée par son parti, elle reconnaissait avoir rencontré Saïd Bouteflika, seul. Dans cette seconde déclaration, elle avouait avoir rencontré Saïd Bouteflika et le général Toufik.
R. M.
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