Le quotidien El-Moudjahid insinue-t-il que la présidentielle n’aura pas lieu ?
Par R. Mahmoudi – Après avoir cloué au pilori, il y a une semaine, ceux qui rejetaient l’élection présidentielle du 4 juillet, en les accusant de vouloir provoquer un vide institutionnel «afin que le chaos s’installe et que leurs parrains puissent alors échapper à la justice», l’organe central du gouvernement fait un virage à 180 degrés, en admettant, dans son dernier éditorial, l’inanité de cette présidentielle et en plaidant, sans complexe, pour une transition politique.
Après un rappel des événements de la semaine, ponctués par de nouvelles marches massives, le porte-voix officiel de l’establishment, au ton d’habitude très mesuré et circonspect, écrit : «A l’évidence, la situation demeure problématique et le dénouement ne peut venir que d’un dialogue positif et inclusif avec tous ceux qui sont pour le changement pacifique, patriotique et démocratique et, surtout, les jeunes élites.» Et d’enchaîner : «L’essentiel est de sortir de l’impasse dans le plus bref délai possible car le statu quo ne peut qu’exacerber les tensions, alors que le pays a de grands défis à relever, notamment économique, mais aussi sécuritaire (…). Un tel dialogue qui fait désormais consensus n’est pas seulement possible, il est impératif pour une sortie de crise réussie.»
L’éditorialiste d’El-Moudjahid ne s’attarde pas sur les modalités du dialogue souhaité, ni sur la qualité des partenaires qui seraient éventuellement associés à un tel dialogue mais il apparaît clair que cette analyse reflète largement une volonté politique des décideurs actuels d’aller vers une solution politique, en raison de l’incapacité, admise par tous, de tenir le scrutin présidentiel dans les délais prévus par la Constitution.
Ce n’est sans doute pas un hasard si la parution de cet éditorial coïncide avec la sortie d’Ahmed-Taleb Ibrahimi, Ali-Yahia Abdenour et Rachid Benyelles, qui appellent à l’annulation de la prochaine présidentielle et à l’ouverture d’un dialogue avec les représentants du mouvement populaire et des partis politiques, en vue de préparer une période de transition devant aboutir à l’organisation d’une élection présidentielle dans des conditions régulières.
Si l’éditorial d’El-Moudjahid ne donne aucun blanc-seing aux trois vieux politiques, il n’en salue pas moins toute initiative allant dans ce sens.
R. M.
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