Salmane va exécuter trois prédicateurs : guerre des sectes et calculs macabres
Par R. Mahmoudi – Trois prédicateurs saoudiens qualifiés par des médias mainstream de «modérés», incarcérés pour de multiples accusations de «terrorisme», seront condamnés à mort et exécutés peu après le Ramadhan, selon deux sources gouvernementales saoudiennes, citées par des médias locaux.
Le plus important d’entre eux est «cheikh» Salman Al-Ouda, un prédicateur très populaire dans le monde musulman, réputé pour ses opinions provocatrices et parfois «irrévérencieuses» sur des thèmes tabous comme la Charia et l’homosexualité. Ouda a été arrêté en septembre 2017, peu de temps après avoir tweeté une prière pour la réconciliation entre l’Arabie Saoudite et son voisin du Golfe, le Qatar, trois mois après l’instauration du blocus par Riyad contre le petit émirat. Ce qui démontre que la décision radicale prise à son encontre s’inscrit dans le prolongement de la guerre entre Riyad et Doha et, par ricochet, entre la secte wahhabite et la secte des Frères musulmans.
Les deux autres prédicateurs menacés d’exécution sont Ayad Al-Qarni et Ali Al-Omari, deux animateurs télé très populaires, connus pour leurs sorties sulfureuses sur les questions de religion, donnant l’impression de bousculer l’ordre établi mais qui, au fond, s’inscrivaient dans une logique de rivalité dogmatique entre deux courants qui se découvrent irréconciliables.
L’annonce de la nouvelle a été largement partagée et commentée sur les réseaux sociaux, et, aussitôt, une vaste campagne de dénonciation à travers le monde a été déclenchée pour tenter d’amener les grandes puissances mondiales à intervenir auprès de leurs protégés saoudiens afin de faire annuler cette sentence d’un autre âge. Même si les mêmes activistes et les mêmes milieux, aujourd’hui outrés par les «excès» d’une monarchie moyenâgeuse, n’avaient guère réagi aux séries d’exécution annoncées en Arabie Saoudite – il y en aurait eu plus d’une centaine depuis le début de l’année en cours – tant qu’elles ne concernaient que les dissidents chiites.
Cela dit, les promoteurs de cette campagne restent sceptiques sur une éventuelle réaction de Washington et des autres capitales occidentales, craignant même un blanc-seing dans cette conjoncture où les Américains, en guerre contre l’Iran, ne pourraient rien refuser à leur allié arabe, au risque de l’affaiblir.
R. M.
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