Dangereux statu quo
Par R. Mahmoudi – Deux mois jour pour jour après la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika, le pays est toujours bloqué. Il faut dire qu’en dehors des arrestations et des interpellations en cascade qui ont touché des hommes d’affaires et d’anciens responsables et qui, à un moment, présageaient un bouleversement de tout le système, les hautes autorités du pays ne se sont hasardées à prendre aucune décision essentielle, qui soit à la hauteur des attentes ou susceptibles d’amorcer un véritable processus de changement.
Ce statu quo risque de s’éterniser, surtout qu’aucune solution n’a été trouvée – ni avalisée – pour revenir à la légitimité constitutionnelle, pendant que la rue continue de gronder, avec tous les risques qu’une telle situation peut engendrer à la longue, sans parler des répercussions économiques dont personne ne parle aujourd’hui.
A ce rythme, on risque de se retrouver bientôt avec un pouvoir formel, celui incarné par le duo Bensalah-Bedoui, doté de tous les attributs d’un pouvoir légitime. D’ailleurs, il agit, machinalement ou sur injonctions, comme dans une situation tout à fait normale, appelant quelques petits replâtrages, ici et là, à la manière de l’ex-chef d’Etat. Des changements de personnes à la tête de quelques institutions ou entreprises nationales, de nouvelles promotions dans tel ou tel corps et, dernière mesure annoncée comme un scoop par certains titres, un mouvement partiel dans le corps des walis dans les prochains jours, tout se passe, en effet, comme si les demandes pressantes de changement ne sont pas prises au sérieux ou comme si le pouvoir – c’est encore plus grave – n’imagine pas d’autres réponses à la situation exceptionnelle que vit le pays depuis plus de trois mois.
Il y a, à l’évidence, un contraste flagrant entre les discours alarmés et très directs du chef d’état-major de l’ANP et cette morosité entretenue à tous les niveaux. Jusqu’à quand ?
R. M.
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