Cafouillage médiatico-lunaire ou quand l’annonce de l’Aïd devient un scoop
Par Kamel M. – Agitation fébrile hier à travers le pays. Longues queues devant les boulangeries et les stations de carburants, ruée vers les marchés et les grandes surfaces pour vider les étals et, surtout, supputations sur le jour de l’Aïd.
La joie du jeûneur étant double, selon la religion, les citoyens ne cachaient pas leur souhait que la fin du mois de Ramadhan soit annoncée pour ce mardi. Plusieurs jours avant la nuit du doute, les «experts» en astrophysique se sont relayés dans les médias pour étaler leur savoir, les uns affirmant que le croissant lunaire ne pourrait être vu en raison d’une éclipse et que, dès lors, le jour de l’Aïd ne pourrait être que mercredi, les autres se disant certains que le mois sacré s’achèverait en vingt-neuf jours au lieu de trente.
Mais, ce lundi, une série de cafouillages a mis à nu un certain bricolage dans la gestion de cette question sur le plan de la communication. Pendant qu’une chaîne de télévision privée continuait d’afficher un «urgent» attribuant à des associations en relation avec le thème l’annonce de l’Aïd pour mercredi, une autre, privée aussi, faisait clignoter sa bande rouge-sang en bas de l’écran apportant la bonne nouvelle aux Algériens, à savoir que mardi était officiellement déclaré premier jour de l’Aïd, bien que le ministère des Affaires religieuses n’eût pas encore lu sa traditionnelle déclaration sur la chaîne publique, après le long rituel habituel qui tient les téléspectateurs, trépidant d’impatience, en haleine.
Pourtant, hier, c’est avant l’adhan du Maghreb que deux animateurs d’une causerie religieuse en français sur Canal Algérie en ont fait l’annonce subliminale, en souhaitant aux Algériens un joyeux Aïd, alors même que la Commission nationale de l’observation du croissant lunaire n’eût pas encore proclamé le lundi dernier jour du jeûne. Dans la journée, la rumeur battait son plein au sujet d’une fatwa prononcée en Tunisie qui a fixé le jour de l’Aïd à mardi avant même que le soleil décline et que la lune ait pu être aperçue.
Un grand cafouillage cependant éclipsé par la joie de l’Aïd.
K. M.
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