Le mufti libyen : «L’argent du hadj sert à déstabiliser la Libye et l’Algérie»
Par Houari A. – Le mufti libyen a mis en garde les musulmans contre l’accomplissement du pèlerinage aux Lieux saints de l’islam plus d’une fois. Pour ce religieux très respecté dans son pays, se rendre à La Mecque à plusieurs reprises serait se rendre complice du génocide commis par les Al-Saoud au Yémen et les actions de déstabilisation qui visent la Libye, l’Algérie et d’autres pays, avec l’argent du hadj et l’omra.
Ce n’est pas la première fois que des théologiens et des imams dénoncent l’agression du Yémen meurtri par le régime monarchique des Al-Saoud, appuyé par une coalition formée de pays arabes à la solde de Riyad et l’ingérence dans les affaires intérieures de nombreux pays musulmans. De nombreux musulmans s’interrogent, depuis plusieurs années, sur les revenus du pèlerinage dont les tenants du pouvoir en Arabie Saoudite affirment qu’ils servent «uniquement» à entretenir les Lieux saints de l’islam.
Mais la politique belliciste du régime saoudien qui massacre les populations civiles au Yémen voisin pose désormais un problème de conscience à de nombreux théologiens gênés, néanmoins, par le fait que le hadj fasse partie des cinq piliers de l’islam et que, de ce fait, il n’est pas possible d’encourager les musulmans à s’en détourner au risque d’être perçus comme des «instigateurs du mal».
La guerre entre sunnites et chiites a toujours eu un impact direct sur le pèlerinage à La Mecque. La tension avait atteint son summum avec l’arrivé de l’Ayatollah Khomeiny au pouvoir en Iran. La Mecque deviendra alors un terrain de confrontation, débouchant sur des affrontements entre pèlerins iraniens et forces de l’ordre saoudiennes. La guerre froide entre Téhéran et Riyad entache le rituel du hadj, désormais perçu comme une rente au seul bénéfice de la famille régnante en Arabie Saoudite.
De son vivant, le guide libyen, Mouammar Kadhafi, avait, pour rappel, protesté contre cet état de fait et réclamé que les Lieux saints de l’islam ne soient pas rattachés à un seul pays et que, comme le Vatican, ceux-ci reviennent de droit à l’ensemble de la communauté musulmane.
Le mufti libyen relance le débat.
H. A.
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