Crise algérienne : que se sont dit Salah Goudjil et Gérard Larcher à Paris ?
Par Karim B. – Il serait difficile de croire que le président par intérim du Conseil de la nation et le président du Sénat français n’ont pas abordé la crise politique en Algérie. Salah Goudjil a, en effet, rencontré son homologue Gérard Larcher à Paris, ce jeudi, et ont eu un entretien en marge de la session des Sénats d’Europe qui se tient à Paris.
La France est dans le brouillard et cherche à comprendre la situation qui prévaut en Algérie depuis la chute du régime Bouteflika. Les autorités françaises, qui affirment depuis le début du mouvement de contestation populaire qu’elles n’entendent pas s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Algérie, n’agissent pas moins dans l’ombre dans l’espoir de placer ses pions à la tête du pays.
Gérard Larcher a sans doute voulu obtenir des informations auprès du deuxième homme actuel de l’Etat, d’autant que la France a reçu cinq sur cinq le message de l’institution militaire, qui l’accuse de chercher à faire durer la crise en Algérie à des fins de déstabilisation.
Le courant ne passe pas entre le commandement de l’ANP et l’Elysée, et Paris semble mettre les bouchées doubles pour éviter que son ancienne colonie échappe à son «contrôle» et qu’elle y perde ainsi ses intérêts. L’affaire Total est symptomatique de cette relation chaotique entre les décideurs actuels et la France, qui ne semblait pas défavorable à un cinquième mandat qu’elle soutenait à demi-mot car elle anticipait la réaction de la rue qui a fini par pousser Bouteflika à démissionner sous la pression de l’état-major de l’armée.
Le double-jeu de la France a été révélé dès après le 22 février, lorsque le Président, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et l’ambassadeur de France à Alger déclaraient à l’unisson ne nourrir aucune velléité d’immixtion dans la crise politique algérienne, alors que des éléments probants indiquaient clairement que Paris jouait la carte de la contestation pour pousser à la confrontation entre l’armée et les manifestants, en infiltrant ses éléments au cœur du mouvement pour inciter la rue à rejeter toutes les propositions de sortie de crise.
K. B.
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