La lecture d’un proche de Boumediene sur l’affaire du drapeau amazigh
Par Saïd N. – La polémique suscitée par les mises en garde sévères du chef d’état-major de l’ANP contre ceux qui brandissent des emblèmes autres que le drapeau national dans les manifestations populaires, suivies d’une campagne de répression, puisqu’au moins 19 personnes ont été placées sous mandat de dépôt, risque de dominer le débat pour encore plusieurs semaines.
Les avis sont partagés entre ceux qui pensent que le vice-ministre de la Défense nationale a commis un «dérapage» dont il n’a pas mesuré les conséquences et ceux qui estiment que c’était, au contraire, un «coup bien calculé» à travers lequel il visait un objectif précis. C’est l’avis, notamment, de l’ancien conseiller de Houari Boumediene et ex-ministre de la Culture, Mahieddine Amimour, qui compare les protestations provoquées par le dernier oukase du général Ahmed Gaïd-Salah à un «référendum populaire» voulu par ce dernier pour estimer la popularité de ses adversaires politiques qu’Amimour circonscrit dans la catégorie des «laïco-francophones».
Selon lui, il s’agit du «deuxième référendum» du genre, après celui du 18e vendredi, où les manifestants auraient, d’après lui, brandi «massivement» le drapeau national et des portraits du fondateur de l’association d’Abdelhamid Ben Badis, devenu symbole de l’identité arabo-islamique, en réaction à un message de Gaïd-Salah où il appelait à une Algérie «novembriste et badisséenne», écrit-il dans une longue tribune parue dans le quotidien panarabe Raï Al-Yawm.
Amimour tente-t-il de manipuler l’opinion, puisque le chef d’état-major avait seulement parlé, dans son discours en question, de l’«Algérie novembriste», ce qualificatif – «badisséenne» – ayant été utilisé par Ahmed-Taleb Ibrahimi dans une de ses récentes déclarations ?
Selon l’analyse de Mahieddine Amimour, la supériorité en nombre du drapeau national dans les manifestations, comparé à celui de l’emblème amazigh, «sonne comme un verdict final» d’une étrange compétition qui se joue dans la rue face à un pouvoir qui, lui-même, se cherche.
S. N.
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