Malédiction ?
Par Houari A. – Les plus superstitieux diront que c’est une malédiction. Les analystes moins portés sur la métaphysique expliqueront qu’une stratégie de destruction et de recolonisation du Maghreb est en marche.
Le double attentat-suicide, ce jeudi, en plein cœur de la capitale tunisienne intervient au moment même où tout le Maghreb est en proie à des turbulences qui font craindre une explosion généralisée dans cette région du sud de la Méditerranée, touchée de plein fouet par toutes les crises et tous les conflits qui secouent une partie de la planète.
Ce double-attentat de Tunis a coïncidé avec un malaise du président tunisien, qui se trouve entre la vie et la mort, à quelques encablures d’une élection présidentielle importante pour les Tunisiens, qui se trouvent à la croisée des chemins entre la fin d’une longue période de transition qui a fragilisé le pays et un statu quo fatal pour le pays.
En Mauritanie, le pouvoir en place est atteint d’une sorte de paranoïa, emprisonnant les opposants par dizaines et convoquant des ambassadeurs de pays voisins accusés de vouloir renverser le régime en place. La situation dans ce pays est inquiétante et il n’est pas exclu que les Mauritaniens inaugurent, à leur tour, une longue période d’instabilité qui aura indubitablement un impact direct sur la paix et la sécurité.
En Libye, la guerre civile fait rage, et tout indique qu’une solution négociée entre les différents et nombreux belligérants n’est pas pour demain. Les intérêts économiques de nombreux pays étrangers dans ce vaste territoire riche en énergies fossiles font que leur ingérence ne cessera que lorsqu’ils se seront – eux – entendus sur la répartition des richesses des Libyens au détriment du peuple libyen lui-même. Mouammar Kadhafi n’a pas été renversé et assassiné pour «libérer» la Libye de son joug, mais pour se répartir les milliards de dollars enterrés sous le sol libyen et que l’ancien guide distribuait à ses concitoyens et dépensait pour le développement de l’Afrique spoliée et pillée.
Au Maroc, le roi affame son peuple dont une partie s’est soulevée dans le nord, mais qui subit le blackout des médias occidentaux. La monarchie marocaine a été inséminée au Maghreb pour casser toute tentative de rapprochement entre les pays qui constituent cet ensemble géographique et empêcher la construction d’un pôle économique puissant dont la réalisation menacerait les intérêts des protecteurs de Mohammed VI et de son régime prédateur et colonialiste.
En Algérie, la crise politique s’enlise et fragilise le pays à un moment où les Etats voisins, hormis le Maroc, ont besoin de s’adosser à cette puissance régionale pour éviter que le Maghreb tombe entre les mains de Daech, le bras armé des officines occidentales qui ont détruit le monde arabe.
H. A.
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